Un roman noir, très noir, sur lequel souffle un vent glacial et pénétrant. Une famille d'éleveurs, un domaine menacé en Patagonie. Une mère autoritaire dirige d'une poigne de fer l'exploitation qu'elle tente de maintenir à flot avec ses quatre fils. Le plus jeune, Raphaël, quasi mutique, écrasé par la violence de ses aînés, l'indifférence de sa mère, va desserrer l'étau qui l'enchaîne à cette famille. Récit magistralement mené, envoûtant et complètement prenant. Une grande découverte déjà partagée avec de nombreux lecteurs à la librairie.
Fin des années 50, entre San Francisco et Portland, un groupe de jeunes écrivains rêvent d'écrire le livre de leur vie. Jaime, jeune étudiante en littérature, possède des facilités évidentes mais peine à trouver le sujet de son premier roman. Charlie, qui revient de la guerre de Corée, souhaite écrire le "Moby Dick" de la guerre, il a réuni plusieurs centaines de pages manuscrites mais n'arrive pas à trouver la forme et le style pour retranscrire son expérience. Le jeune couple, Jaime et Charlie, fait la connaissance d’autres jeunes écrivains en quête de gloire, comme le flamboyant Dick Dubonet, dont les nouvelles recueillent rapidement un vif succès ou encore Stan Winger, délinquant multirécidiviste qui fera plusieurs séjours en prison et qui va se découvrir un vrai talent pour l'écriture de romans policiers.
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"Nella Oortman a dix-huit ans quand elle rejoint Amsterdam pour retrouver l'homme qui l'a épousée : Johannes Brandt. Riche marchand qui vit dans une opulente demeure au bord du canal. En guise de cadeau de mariage, Johannes offre à son épouse une maison de poupée, représentant leur propre intérieur. La jeune fille entreprend de la meubler grâce aux talents d’un miniaturiste. Les fascinantes créations de l’artisan permettent à Nella de lever peu à peu le voile sur les mystères de la maison Brandt avant de prendre en main son destin et de donner une tournure très romanesque au récit. Une lecture haletante, entrainée par une succession de rebondissements, et enrichissante dans sa description de cette « ville monde » principal carrefour commercial au 17 ème siècle. Un roman d’aventures et de suspens brillamment mené par un jeune écrivain britannique.
Titus n’aimait pas Bérénice alors que Bérénice pensait qu’il l’aimait. Titus est empereur de Rome, Bérénice, reine de Palestine. Ils vivent et s’aiment au Iᵉʳ siècle après Jésus-Christ. Racine, entre autres, raconte leur histoire au XVIIᵉ siècle. Mais cette histoire est actuelle : Titus quitte Bérénice dans un café. Dans les jours qui suivent, Bérénice décide de revenir à la source, de lire tout Racine, de chercher à comprendre ce qu’il a été, un janséniste, un bourgeois, un courtisan. Comment un homme comme lui a-t-il pu écrire une histoire comme ça ? Entre Port-Royal et Versailles, Racine devient le partenaire d’une convalescence où affleure la seule vérité qui vaille : si Titus la quitte, c’est qu’il ne l’aime pas comme elle l’aime. Mais c’est très long et très compliqué d’en arriver à une conclusion aussi simple.Titus n’aimait pas Bérénice alors que Bérénice pensait qu’il l’aimait. Ils vivent et s’aiment au Iᵉʳ siècle après Jésus-Christ. Racine, entre autres, raconte leur histoire au XVIIᵉ siècle. Mais cette histoire est actuelle : Titus quitte Bérénice dans un café. Prix Médicis 2015.
«Il n’aimait pas dormir, contrairement à elle. Dormir signifiait : quitter l’autre. Même enlacés au lit, cela revenait quand même bien à quitter l’autre. Qui s’endormirait (s’éloignerait de l’autre) le premier ? Qui céderait le premier à l’insignifiante et ordinaire trahison ?» Passant de l’humour à la gravité, de la confidence à l’outrage, de la pudeur à la sensualité résolue, Arnaud Cathrine revisite, au fil de dix nouvelles, un motif universel, fluctuant et insaisissable.
Avec sobriété et naturel, la romancière entre de plain-pied dans l’enfance de « l’autre Joseph » : fils du préfet de Gori, il est élevé au milieu des gamins des rues, fascinés comme lui par les légendes bibliques et les bandits caucasiens. Même s'il partage avec le petit Djougachvili des rêves d’héroïsme et de grandeur, son camarade – exalté, batailleur et arrogant – l'agace. D'autant qu'on ne cesse de souligner leur ressemblance physique, frappante en effet. Des rumeurs ne circulent-elles pas sur une liaison entre le préfet Davrichewy et la mère de Sosso ? Comme autant de ponctuations rythmant les tumultueuses aventures des deux jeunes gens, des chapitres plus personnels interrogent le destin familial : qu'en aurait-il été des Davrichewy si, depuis sa tendre enfance, Joseph n'avait pas été obligé de prendre en compte son encombrant camarade – et supposé demi-frère ?
Chimamanda Ngozi Adichie examine, avec un humour caustique la question de la race et du racisme aux Etats-Unis. Sa narratrice Ifemelu, native du Nigéria, s'installe aux Etats-Unis pour poursuivre ses études. Assez rapidement elle crée un blog afin de partager ses interrogations sur les manières de vivre, de penser et de se comporter dans ce pays. Véritable centre d'observation sociologique, ce blog s'intitule « Observations diverses sur les Noirs américains par une Noire non-américaine ». Le blog devient rapidement une référence, ce qui permet à Ifemelu d'en vivre correctement. Pourtant au bout de quinze années d'exil, elle décide de retourner au Nigéria. Avant de partir, elle se rend dans un salon de coiffure pour retrouver la femme qu'elle fut avant, une noire non américaine, avec une identité physique qu'elle a dû contraindre pour vivre aux Etats-Unis. Le livre s'ouvre sur cette séance de coiffure mémorable, et ce salon où se croisent des femmes de toutes origines. C'est par ce geste que l'héroïne quitte ce pays pour retrouver le sien et son histoire qu'elle va dérouler tout au long de ce récit passionnant et remarquable.
Bénédicte Ombredanne a 35 ans, elle est agrégée de lettres et professeur, mariée et mère de 2 enfants. Elle croise le chemin de l’auteur à qui elle confie le calvaire de sa vie conjugale. On découvre avec l’avancée du roman, la personnalité de cette femme qui fantasme et idéalise sa vie mais subit dans la réalité du quotidien, l’odieux, l’insupportable harcèlement moral de son mari. Ce dernier qui en l’épousant, a conquis le droit à la normalité sociale, contraint sa femme à une vie terne et étouffante. Il profite de sa faiblesse pour la dominer et l’humilier, ce qui la rend extrêmement fragile et dépendante. On assiste sidérés et révoltés, à l’exercice répété et mortifère de cette violence morale. La force du livre réside dans la démonstration de cette brutalité qui accentue le clivage entre la vie rêvée et la cruauté de la réalité. PS. / club de lecture / Sept. 2014
Dans Joseph MH Lafon fait avec pudeur, sans pathos, sans mélancolie ni effets dramatiques mais avec empathie et une certaine tendresse le portrait d'un ouvrier agricole. Elle décrit une paysannerie actuelle qui semble appartenir au passé. L'écriture est à la fois brutale et poétique, simple, épurée, précise. Un bijou ! C.G.
Vernon Subutex, c’est le personnage central du roman, un ancien disquaire, fin connaisseur de rock, dont la boutique ferme alors qu’il a une quarantaine d’années. A partir de là, sa vie sombre lentement et à 50 ans, il finit dans la rue. Le livre raconte l’histoire de cette dérive. J’ai été complètement embarquée par ce roman, par son rythme, sa férocité et l’habileté de sa construction. On découvre ainsi, au gré des errances de Vernon et de ses hébergements successifs, des personnages et des milieux tout à fait incroyables qui sont décrits de manière très vivante. L’auteur n’épargne personne, le verbe est dur et acerbe, mais les portraits restent nuancés. Je trouve à ce titre sa démarche plutôt d’ordre anthropologique avec, retranscrit dans un style vif et alerte, l’objet de ses observations. J’attends le prochain volume avec impatience. PS
Un conte qui rappelle sans détour la cruauté des hommes vis à vis du règne animal : les superstitions, l'instrumentalisation, la peur, les persécutions et parfois l'admiration et le respect quand l'animal se rapproche des divinités païennes qui survivent dans le cœur des hommes. Joy Sorman raconte la vie d'un ours, qui pense et réfléchit comme un homme parce qu'il possède en lui une part d'intelligence humaine, comme l'homme abrite aussi en lui une part de bestialité et d'ignorance qui le précipitent parfois vers les ténèbres. Ce magnifique roman est un conte philosophique qui résume, à l'échelle de la vie d'un ours, le sort qui leurs est réservé. L'ours, le plus puissant des animaux parmi les plantigrades et qui, avant d'avoir été détrôné par le lion, fut le roi des animaux. C'est un récit puissant et fortement attachant, qui non seulement nous rappelle nos crimes commis envers le règne animal mais nous montre aussi nos inconséquences et notre futilité.