Régis Jauffret a eu un père dont il n'était pas fier. Fortement handicapé par sa surdité, il développa pendant des années un état dépressif qui l'isola encore plus du reste de la famille. Un homme appareillé, qui parlait trop fort. Anti-héros par excellence, père absent tout en étant présent et encombrant, Régis Jauffret aurait bien aimé échanger ce père contre un autre plus rutilant. C'est une souffrance forte et un sentiment de honte qui se déclinent tout au long de ces pages en convoquant des souvenirs et en créant de toute pièce des moments inventés, des micro-fictions qui lui permettent de créer un père aimable et meilleur. Discours direct, cru qui permet aussi de rire beaucoup, ce qui allège fortement le fond de l'histoire. Le récit débute quand l'auteur découvre son père à la TV dans un documentaire sur la police de Vichy. Il le voit arrêté par la Gestapo en 1943 devant l'immeuble que la famille habitait à Marseille. Cette image très ancienne et toute neuve pour Jauffret va lui permettre de fantasmer sur ce père qui aurait pu être un héros, un résistant peut-être. Il mène l'enquête dans la famille qui n'a jamais parlé de cela, il fait appel à des spécialistes pour connaître la provenance de ces images... Ainsi se forme, de manière chaotique, le tracé d'une enfance qu'il préférait oublier et resurgit une colère forte contre ce géniteur qui n'était pas le père souhaité.