C'est un conte qui commence comme tous les contes par « il était une fois... dans un grand bois une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron. Dans ce grand bois régnaient grande faim et grand froid.... » Ce couple de bûcherons vit à proximité d'une voie ferrée où passent chaque jour des convois de wagons de marchandises. De nombreux papiers griffonnés à la hâte jonchent les abords de la voie ferrée, mais le bûcheron et la bûcheronne ne savent pas lire. La bûcheronne n'a pas eu d'enfants, elle s'en désole, mais un jour, par miracle, tombe du train un paquet : c'est un enfant enveloppé dans un châle brodé d'or, un châle de prière. Paris février 1943, un jeune couple est arrêté avec leurs deux très jeunes enfants et transférés à Drancy. Quelques semaines plus tard, ils sont embarqués dans un wagon plombé, le lait de la mère se tarit, le père décide de sacrifier ou de donner une chance de survie à l'un de ses deux enfants : il enveloppe l'un de ses jumeaux dans un châle de prière et le jette hors du train. Ce conte, long de 103 pages, raconte l'histoire de la Shoa. Jean-Claude Grumberg reprend la structure narrative du conte classique qui mêle espoir et désespoir à la cruauté la plus abominable où rien d'inhumain n'est épargné. Il convoque l'horreur, le froid, la faim, la peur.... en reprenant le récit le plus simple qui soit pour redire l'abominable : le conte. Un absolu chef d'oeuvre à lire et transmettre.