Au cœur d’une famille en pleine implosion, le beau-père atypique capte toutes les attentions. Mythomane, dépensier, capricieux, généreux, élégant, clochardisé, sincère, menteur, enthousiaste, dépressif, Jacques est tout cela à la fois.
Entre la France et la Côte d’Ivoire, il entraîne la narratrice, sa sœur Irène et leur mère dans un tourbillon qui finira par le tuer. L'histoire se passe au Havre, à Abidjan et à Rome dans les années 80.
Mais avec lui la vie devient un spectacle qu'il met en secène comme une sorte de magicien ou de sorcier. Très attachant ce " perdant magnifique" incarne une vérité douloureuse que Florence Seyvos restitue avec ce mélange de pudeur et de violence qui est sa marque de fabrique.
Comme dans "Le Garçon incassable", elle parvient à poser un regard précis, parfois cruel, sur toutes les situations, mais avec une délicatesse infinie.
En vidant l'appartement de son père, Vanessa Springora découvre deux photos de son grand-père paternel qui la plongent dans la sidération. Joseph ou Josef, dont elle conserve un tendre souvenir, porte sur ses vêtements des insignes laissant supposant une proximité avec l'Allemagne nazie.
Commence alors le début d'une traque obsessionnelle pour comprendre qui était réellement cet homme né dans les Sudètes et réfugié politique en France ? L'histoire racontée depuis son enfance résistera t'elle à l'épreuve de cette quête de vérité historique ?
A travers l'aventure de ce patronyme se révèlent l'héritage d'un passé enfoui et les effets dévastateurs du non-dit. Une enquête passionnante qui questionne le roman des origines, récits intimes, sources documentaires, fiction et témoignages, petite et grande histoire.
Une jeune fille semble perdue au cœur de la forêt la plus obscure.
Nous sommes au XVIIe siècle, dans un territoire qui deviendra les États-Unis. Elle vient de s’échapper, elle court loin de la servitude et des brimades. Maintenant, il faut survivre.
Dans ce conte sauvage, une fille sans avenir s’affirme en désobéissant, pour devenir au gré des épreuves une véritable héroïne.
Les terres indomptées est un grand roman d’aventures, haletant, lyrique, porté par une écriture en état de grâce.
Au moment où s'ouvre ce livre, la narratrice rompt la promesse qu'elle a faite, dix ans plus tôt à l'homme qu'elle vient de rencontrer : ne pas écrire sur lui. Mais dix ans plus tard, éreintée par cette relation qui s'est avérée toxique au plus haut point et qui l'a conduite devant les tribunaux, Claire Lancel recherche désormais dans l'écriture la vérité sur cet homme et sur leur histoire. C'est par l'écriture qu'elle va réussir à épuiser l'histoire qu'elle ressasse sans arriver à sortir de ses fantasmes, de ses rêves et du déni qui lui a permis d'ignorer la vérité sur l'homme qu'elle avait choisi. Dans ce roman haletant comme un thriller, Camille Laurens questionne le narcissisme contemporain, l'absence d'empathie, et se demande comment sauver l'amour de ses illusions.
C’est une Fresque narrative qui explore la vie de Jack et Elisabeth, deux êtres qui n’avaient rien en commun mais que le destin va rapprocher. Lui est issu d’une famille de fermiers de l’Arkansas, elle d’une riche famille de self made men aux probables accointances avec le klu Klux Klan. Familles qu’ils ont l’un et l’autre fuies. Ils se rencontrent lors de leurs études à Chicago, rencontre devenue le récit mythologique de leur coup de foudre. Mais qu’en est - il 20 ans après, que reste t’il de cet amour fondateur alors qu’ils s’apprêtent à devenir propriétaire d’une appartement et qu’ils sont parents d’un garçon de 8 ans ? Récit alternant présent et passé, l’auteur dresse le portrait d’une Amérique contemporaine, mêlant humour et critique sociale.
Celles et ceux qui ont lu "Brooklyn" paru en 2009 connaissent déjà Eilis Lacey, elle avait quitté l’Irlande dans les années 50 et avait rejoint la grande communauté des expatriés de New York. Elle était devenue Eilis Fiorello en épousant Toni Fiorello il y a 25 ans, plombier d’origine italienne, ils sont parents de deux grands enfants. Ils vivent dans la banlieue de NY. Eilis étouffe un peu au sein de la grande famille envahissante de Toni, et quand elle apprend que ce dernier a eu un enfant hors mariage elle décide de prendre ses distances et de partir passer quelques mois à Enniscorthy, petite ville irlandaise dont elle est originaire pour revoir sa mère qui fête ses 80 ans et qu’elle n’a pas revue depuis 20 ans, ses amies d’enfance et un amour de jeunesse. Le titre du livre est trompeur car la plus grande partie de la narration se déroule en Irlande et non à Brooklyn (Long Island). Un autre piège se referme sur elle dans cette communauté apparemment bienveillante mais qui se comporte de façon assez indiscrète et pas aussi aimante qu’elle l’imaginait. Elle vit l’épreuve du double exil, et de la solitude parmi les siens. Colm Toibin manie avec subtilité et délicatesse tous ces signes et manifestations qui l’excluent.
Le jeune K est un garçon américain qui vit avec ses deux grands frères et ses parents dans la vallée de San Fernando en Californie. Les parents sont nés en Iran, les enfants aux Etats unis et portent des prénoms américains sauf K le narrateur le plus jeune de la fratrie. Le rêve de K et de ses frères est d’être un vrai américain, de jouer au basket, de traîner avec les gosses du quartier mais tout s’arrête quand leur père décide de retourner en Iran avec ses trois fils sans en informer leur mère. Ils se retrouvent dans la maison du grand-père à Ispahan, ne parlent pas le persan et ignorent tout de ce pays. La mère réussit avec l’aide de sa sœur et son beau-père à les ramener aux USA mais l’ombre des attentats du 11 septembre n’est pas loin et la place qui était la leur dans ce pays ne sera plus la même. Un premier roman sobre et sensible, doux-amer aussi sur la fin de l’enfance et la recherche de soi.
Nous sommes à Berkeley en 1973 au département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l'IBM 360, sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du XXIe siècle. Le rapport est publié et devient un best seller. Il n’est hélas suivi d’aucun effet. Le rapport 21 s’inspire du rapport Meadows publié en 1972 .
Le roman s’intéresse ensuite au positionnement des 4 chercheurs. Au sein de l'équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d'Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l'opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l'énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths disparaît des radars.
De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d'une traque, et la satire féroce d'une humanité qui danse au bord de l'abîme.
Sandrine Colette creuse la thématique de la nature impitoyable. Vous aurez rarement aussi faim aussi froid, vous sentirez dans vos chairs de lecteur et de lectrices les morsures des aubes glaciales, le manque de nourriture qui pétrit les ventres et vivrez une intense épreuve physique et morale car au-delà des caprices des saisons il est aussi des lois féodales qui régissent ce hameau « les Montées » où vivent Ambre, Aellis, Rose, Eugène, Germain… et auxquelles il semble impossible de déroger. C’est un conte terriblement cruel, où apparaît dès les premières pages une enfant orpheline Madelaine, fée et démon à la fois, qui va ébranler l’ordre social de cette communauté d’un autre âge.
A quelques kilomètres du centre ville de Bucarest vit la famille Serban dans une cabane au bord d’un lac. Les enfants vivent au rythme des saisons et en pleine nature. C’est une fratrie tzigane majoritairement masculine âpre, vigoureuse et aimante. Mais un jour les autorités décident de créer une réserve naturelle et obligent la famille à quitter les lieux . Inspirée d’une histoire vraie, celle de la famille Vacaresti, ce texte raconte l’impossible adieu au royaume, et il interroge les contradictions de notre époque : confiscation de la nature au prétexte de sa sauvegarde, sanctuarisation de lieux sauvages, le rapport homme/animal l’éloignement de l’un par rapport à l’autre. Fable onirique et réaliste où se superposent des pans de l’histoire de la Roumanie, des croyances, des chants.
Sur un fil tragi-comique, dans une langue vibrante aux accents corrosifs, Jérôme Ferrari retrouve l'un de ses thèmes phares, la violence insulaire, et entame une réflexion sur ce qui lie exploration, colonisation et tourisme. Sur ce qui, dès le premier pas posé sur le rivage, corrompt la terre et le coeur des hommes.
À partir d"un événement mineur qui engendre de lourdes conséquences, le narrateur remonte la ligne de vie des protagonistes et dessine, non sans humour, les contours d'une dynastie de médiocres contaminée par une violence érigée en vertu.