"La vie de ma mère !" Magyd Cherfi - éd Actes sud

Après avoir enchanté les lecteurs en réglant leur compte à ses souvenirs et à ses illusions perdues, l’ex-parolier de Zebda s’attaque au "vrai" roman pour raconter une émancipation tardive : celle d’une femme algérienne sacrifiée à sa mission de mère dans une France presque aussi rance que raciste. Et comment, pour la rencontrer enfin, son fils – et toute la fratrie – devront apprendre, d’abord, à s’en séparer.
Entre tendresse et cruauté, drôle et parfois – par surprise – bouleversant, "La Vie de ma mère ! " est une déclaration d’amour épe rdu déguisée en portrait de femme crépitant.

 

"La Louisiane" Julia Malye - éd Stock

Pour la première fois depuis trois mois, elles discernent enfin le sable que leur cachait l’eau lors de la traversée de l’Atlantique, ce fond de l’océan qu’elles ont brièvement aperçu ce matin en débarquant de La Baleine. Personne ne leur a expliqué où elles seraient logées ce soir, dans combien de temps elles seraient fiancées. On ne dit pas tout aux femmes.
Paris, 1720. Marguerite Pancatelin, la Supérieure de la Salpêtrière, est mandatée pour sélectionner une centaine de femmes « volontaires » qui seront envoyées en Louisiane afin d’y épouser les colons français.Parmi elles, trois amies improbables : une orpheline de douze ans à la langue bien pendue, une jeune aristocrate désargentée et rejetée par sa famille ainsi qu’une femme condamnée pour avortement. Comme leurs compagnes à bord de La Baleine, Charlotte, Pétronille et Geneviève ignorent tout de ce qui les attend au-delà des mers. Et n’ont pas leur mot à dire sur leur avenir. Ces étrangères réunies par le destin devront braver l’adversité – maladie, guerre, patriarcat –, traverser une vie faite de chagrins d'amour, de naissances et de deuils, de cruauté et de plaisirs inattendus. Et d’une amitié forgée dans le feu.
Un roman d’une profondeur et d’une émotion saisissantes, qui nous transporte au cœur d’une terre impitoyable, aux côtés d’héroïnes animées d’une extraordinaire soif d’amour et de vie.

"Mon oncle d'Australie" François Garde - éd Grasset

« Que serait une famille sans secret de famille ? » : voici la question qui hante ce livre.
Dans la famille Garde se murmure à voix très basse l’histoire de l’oncle Marcel, exilé à vingt ans par son père en Australie en 1900. Désireux de rendre justice à cet inconnu, l’auteur commence par inventer le roman d’aventures du banni : son arrivée à Sydney, sa résolution de devenir un autre dans cette Terre promise.
Mais en enquêtant sur cette vie effacée, l’auteur s’avise que le récit familial n’est pas fiable. Si Marcel n’a pas disparu en Australie, il faut remonter de branche en branche dans un arbre généalogique troué de silences et de morts pour retrouver la trace de ce jeune homme au destin tragique.
Comment approche-t-on au plus près la vérité d’un être ? Par les lacunes de la mémoire transmise, par les archives, par la fiction ? Les légendes, les omissions ou les dissimulations vieilles de plus d’un siècle se transmettent de génération en génération, en sorte que les fantômes déterminent parfois le destin de leurs descendants…

"Du même bois" Marion Fayolle - éd Gallimard

Dans une ferme en Ardèche, celle qui appartenait à la famille de l'autrice, l'histoire se reproduit de génération en génération. On s'occupe des bêtes, on vit avec, celles qui sont dans l'étable et celles qui ruminent dans les têtes.

Peintes sur le vif, à petites touches, les vies se dupliquent en dégradé face aux bêtes qui ont tout un paysage à pâturer.

Marion Fayolle crée un monde saisissant dont la poésie brutale révèle ce qui s'imprime par les failles, par les blessures familiales, comme dans les creux des gravures en taille-douce.

Un récit âpre et d'une incroyable douceur. 

"L'homme aux mille visages" Sonia Krounlund - éd Grasset

 Il se fait appeler Ricardo, Alexandre, Daniel ou Richard. Il est argentin, brésilien ou portugais. Il se prétend chirurgien, ingénieur, photographe ou policier, sans qu’aucune femme ne doute de la réalité de ses activités. Il parvient à mener en parallèle quatre vies conjugales dans plusieurs pays et sous différentes personnalités imaginaires, toutes plus séduisantes les unes que les autres.
Lorsqu’une de ses compagnes contacte Sonia Kronlund et qu'elle découvre l’histoire de celui qui se nomme ou se fait appeler Ricardo, elle sait qu'elle a un sujet en or entre les mains. Car tout est vrai. 

Ce livre raconte un imposteur extraordinaire, à travers les témoignages des femmes qui l’ont aimé, un détective privé qui l’a suivi, les policières qui l’ont attrapé. De Paris à Varsovie en passant par les favelas du Brésil, un incroyable voyage à la recherche d’un caméléon de génie. Elles cherchaient l’homme idéal, il composait l’amoureux de leurs rêves. Au risque de tout perdre, et de se trouver pris à son propre piège : le nôtre, celui du livre et de la fiction . Récit fascinant.

"Stella et l'Amérique" Joseph Incardona - éd Finitude

Stella fait des miracles. Au sens propre. Elle guérit malades et paralytiques, comme dans la Bible. Le Vatican est aux anges, pensez donc, une sainte, une vraie, en plein vingt et unième siècle ! Le seul hic, c’est le modus operandi : Stella guérit ceux avec qui elle couche. Et Stella couche beaucoup, c’est même son métier...
Pour Luis Molina, du Savannah News, c’est sûr, cette histoire sent le Pulitzer. Pour le Vatican, ça sentirait plutôt les emmerdements. Une sainte comme Stella, ça n’est pas très présentable. En revanche, une sainte-martyre dont on pourrait réécrire le passé...
Voilà un travail sur mesure pour les affreux jumeaux Bronski, les meilleurs pour faire de bons martyrs. À condition, bien sûr, de réussir à mettre la main sur l’innocente Stella. C’est grand, l’Amérique.
Avec sa galerie de personnages excentriques tout droit sortis d’un pulp à la Tarantino et ses dialogues jubilatoires dignes des frères Coen, Joseph Incardona fait son cinéma.

"Une sale affaire" Virginie Linhart - éd Flammarion

Quelques mois avant la parution de son précédent livre "L'effet maternel", Virginie Linhart et son éditrice apprennent que la mère de l'autrice et son ex-compagnon intentent un procès et demandent la suppression de plusieurs passages les mettant tous deux en scène dans ce livre à paraître.

La stupéfaction et l'effroi ne passent pas.

Ce récit relate les différentes étapes de ce procès et interroge la liberté de création en revenant sur une relation très toxique et les dommages subis par la génération des enfants de 68 qui prennent de plus en plus la parole pour raconter les dérives d'une révolution qui ne les a pas épargnés. 

"Fabriquer une femme" Marie Darrieussecq - éd POL

Fabriquer et construire sa vie. Deux vies parallèles, deux amies Rose et Solange qui grandissent dans un petit village du Pays Basque dans les années 80. L'histoire est racontée à partir de leurs quinze ans, du point de vue de la première puis de la seconde, chacune incarnant la constructionn d'un certain type de destin féminin. Rose, "la bonne élève" née dans un milieu plus bourgeois que sa copine poursuit des études, se marie, fait des enfants à l'âge attendu avec son amour de jeunesse, Solange plus punk quittera son village natal pour Bordeaux, Paris, Londres et la côte ouest des USA. Elle vivra dans des squatts, se lancera dans le métier d'actrice. Le roman s'ouvre avec la découverte de sa grossesse, en classe de seconde.

Fabriquer une femme avec deux héroïnes qui existent déjà dans l'oeuvre de l'autrice, "La mer à l'envers" 2019 pour l'une, "Clèves" 2011 et "Il faut beaucoup aimer les hommes" 2013 pour l'autre.

"Zorrie" Laird Hunt - éd Globe

Laird Hunt parvient à faire entrer toute une vie dans 240 pages. Celle de Zorrie Underwood, une femme modeste née dans l’Indiana au début du siècle dernier. Une vie simple menée dans une dignité discrète, pas toujours gaie, souvent rude, bouleversée par les convulsions qui ont agité le XXe siècle. Une vie humble à laquelle rend hommage Laird Hunt qui signe ici un livre éminemment politique, au sens le plus noble du terme, en se dévouant à cette catégorie sous-représentée en littérature des héros et héroïnes des existences banales.


Laird Hunt offre un portrait poignant d’une femme ordinaire, à un moment pivot de l’histoire américaine. Avec justesse et poésie, "Zorrie" raconte de manière magistrale la cruauté et la beauté du quotidien dans une Amérique en pleine transformation.

"Très chers amis" Gary Shteyngart - éd de l'Olivier

Mars 2020. L’épidémie de Covid s’étend à travers le monde et les populations sont appelées à se confiner. Sacha Senderovski, écrivain, sa femme Macha, psychiatre, et leur fille adoptive Natacha, enfant précoce obsédée par la K-pop, accueillent un groupe d’amis dans leur maison de campagne sur les bords de l’Hudson. Dans ce cadre idyllique, la troupe hétéroclite constituée d’intellectuels citadins de diverses origines va se trouver ébranlée par les vicissitudes d’une retraite forcée qui servira pour chacun de révélateur.

Avec Très chers amis, Gary Shteyngart signe l’un de ses romans les plus drôles. Un huis clos entre la comédie à l’américaine et le roman russe, où se nouent intrigues amoureuses, rapprochements et trahisons.

"Le convoi" Beata Umubyeyi Mairesse - éd Flammarion

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse. Treize ans après les faits, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Le génocide des Tutsi, comme d'autres faits historiques africains, a été principalement raconté au monde à travers des images et des interprétations occidentales, faisant parfois des victimes les figurants de leur propre histoire. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, entre recherche d'archives et écriture de soi, Le convoi est un livre sobre et bouleversant : il offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Prochainement

Mercredi 28 février 

manouchian

Missak et Mélinée Manouchian, deux étrangers, arméniens et communistes, entrent au Panthéon le 21 février 2024. La valeur symbolique de cet événement est majeure. Deux orphelins du génocide des Arméniens devenus héros de la Résistance française. Denis Peschanski, historien et co-auteur du livre retracera avec vous ce parcours documentaire nourri d’archives dont de nombreux inédits.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

Mardi 12 mars 

Droits des femmes. Où en sommes-nous ?

tortureblanche

Une table ronde pour débattre et échanger avec Sophia Aram, Laure Daussy et Iris Farkhondeh. "Femmes, Vie, Liberté" sera l’étendard de cette soirée consacrée aux femmes et à leurs droits dans le monde. "Torture blanche" de Narges Mohammadi, prix nobel de la paix 2023, parait le 6 mars.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

Jeudi 25 avril 

 leconvoi

Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

Lire la suite...

Connexion