"Paris fantasme" Lydia Flem - éd Seuil

Fascinée par une ruelle, née il y a cinq cents ans entre la place Saint-Sulpice et le jardin du Luxembourg, l'auteure a cherché à découvrir celles et ceux qui y ont vécu de siècle en siècle, de numéro en numéro, d'étage en étage, depuis 1518. La rue Férou est devenue le lieu d'une question existentielle : qu'est-ce qui donne le sentiment d'être chez soi quelque part ? D'habiter tout à la fois son corps, sa maison et le monde ?
Lydia Flem s'est glissée dans la peau d'un photographe du xixe siècle et d'une comédienne de la Comédie-Française au xviiie, elle a accompagné Man Ray dans son atelier, Mme de La Fayette dans sa maison d'enfance ou des religieuses dans leur couvent. Comme une psychanalyste prête à tout entendre, à tout écouter, sans choisir ni trier, elle a ouvert sa porte aux voix du passé. Sous la rue Férou, elle a découvert sa rue Férou, hantée par le cortège de celles et ceux qui n'ont pas d'autres traces pour dire leur passage sur cette terre que des listes de noms.
Singulière ruelle qui s'absente à ses deux bouts. Ses pierres recèlent des trésors d'histoires, de légendes, de questions sans réponses et de réponses sans questions.
Une rue, dix maisons, cent romans.
Paris Fantasme.

"Le long du Luxembourg" Elvire de Brissac - éd Grasset

Ce sont quatre siècles d’histoire de France, de 1613 à nos jours, qui défilent ici «  le long  » du palais et du jardin du Luxembourg. Construit par Marie de Médicis, devenu très tôt l’apanage des Orléans, ce rêve d’Italie bâti sous un ciel d’Ile de France connaîtra au fil des siècles bien d’autres occupants.
On y croise les cardinaux politiques mentors des régentes –Richelieu, l’amant-tyran de Marie de Médicis et Mazarin «  le gredin de Sicile  » auprès d’Anne d’Autriche- le frondeur Gaston d’Orléans et sa non moins frondeuse de fille, la Grande Mademoiselle, la provocante «  Jouflotte  », fille du Régent, le fils du Grand Condé, atteint de lycantrophie, qui se prend pour un chien et se croit mort…
Dès le milieu du XVIII° siècle, le Luxembourg devient le premier  musée d’Europe ouvert au public (43 ans avant le Louvre) et le jardin un lieu champêtre dont raffolent les Parisiens  ; Jean-Jacques Rousseau y guette Diderot arpentant «  l’allée des Soupirs  », tandis que le comte de Provence, frère de Louis XVI, futur Louis XVIII, qui a reçu le palais en apanage et en très mauvais état, rêve d’en faire une formidable opération immobilière.
Une évocation passionnante, une grâce d’écriture merveilleuse  : Le récit est enlevé, délié, le ton à cent lieues du manuel d’histoire. Un très grand plaisir de lecture.

"57 rue de Babylone, Paris 7ème" Alix de Saint-André - éd Gallimard

C'est l'histoire du "Home Pasteur", une vraie pension de famille sise naguère au 57 rue de Babylone, depuis la descente de la Gestapo, du temps de Mme Sabelli, jusqu'à sa petite-fille Pia qui fut l'amie de l'auteure. En cette rentrée 1974, Pia rêve de conventions bourgeoises alors que Alix de Saint-André veux les faire exploser. Voici le père de Pia, Samuel, hypermnésique, hypercultivé, qui produit des disques classiques pour une introuvable élite, et sa mère, Cocotte, généreuse et toutepuissante, qui nourrit tout son monde en lisant Proust et en cachant Charlie Hebdo à sa propriétaire catho. Et voici ses pensionnaires hauts en couleur allant du vieux sociétaire de la Comédie-Française qui ne veut jamais se laver aux jeunes Américaines qui découvrent Paris, le sexe et la culture. Quelques diables viennent noircir le tableau, comme le fils de la maison et son mauvais génie, scénariste de Chabrol qui finira assassiné par sa femme une nuit de Noël... "Bien-aimée lectrice, lecteur bien-aimé, puissiez-vous les aimer comme moi !" Alix de Saint-André.

"Le parfum des fleurs la nuit" Leïla Slimani - éd Stock

Comme un écrivain qui pense que « toute audace véritable vient de l’intérieur », Leïla Slimani n’aime pas sortir de chez elle, et préfère la solitude à la distraction. Pourquoi alors accepter cette proposition d’une nuit blanche à la pointe de la Douane, à Venise, dans les collections d’art de la Fondation Pinault, qui ne lui parlent guère ? Autour de cette « impossibilité » d’un livre, avec un art subtil de digresser dans la nuit vénitienne, Leila Slimani nous parle d’elle, de l’enfermement, du mouvement, du voyage, de l’intimité, de l’identité, de l’entre-deux, entre Orient et Occident, où elle navigue et chaloupe, comme Venise à la pointe de la Douane, comme la cité sur pilotis vouée à la destruction et à la beauté, s’enrichissant et empruntant, silencieuse et raconteuse à la fois. C’est une confession discrète, où l’auteure parle de son père jadis emprisonné, mais c’est une confession pudique, qui n’appuie jamais, légère, grave, toujours à sa juste place : « Écrire, c’est jouer avec le silence, c’est dire, de manière détournée, des secrets indicibles dans la vie réelle ». C’est aussi un livre, intense, éclairé de l’intérieur, sur la disparition du beau, et donc sur l’urgence d’en jouir, la splendeur de l’éphémère. Leila Slimani cite Duras : « Écrire, c’est ça aussi, sans doute, c’est effacer. Remplacer. » Au petit matin, l’auteure, réveillée et consciente, sort de l’édifice comme d’un rêve, et il ne reste plus rien de cette nuit que le parfum des fleurs. Et un livre. 

"L'inconnu de la poste" Florence Aubenas - éd de L'Olivier

Le dernier livre de la journaliste et écrivaine Florence Aubenas se lit comme un thriller même si on connaît l'histoire de ce meurtre non élucidé et sur lequel planait la culpabilté d'un marginal Gérald Thomassin, connu pour avoir été un jeune espoir du cinéma français en 1990, dans un film de Jacques Doillon "Le petit criminel". Narratrice omniprésente autant qu'invisble, elle donne voix à tous les protagonistes qu'elle a patiemment interrogés, le père de la victime, les amis de Gérald Thomassin et ce dernier bien évidemment qu'elle a rencontré à de nombreuses reprises. Ils deviennent les personnages de ce roman noir qui raconte leur histoire ou celle qu'imagine l'auteure. Nous sommes bien au delà de ce que l'on appelle le fais divers et nous pénétrons dans celui du roman social qui décrit les lieux, une vallée jurasienne vouée à l'industrie du plastique, le nouvel eldorado qui a remplacé les structures paysannes en place, amené de nouvelles populations et créé aussi son lot de misère quand la crise économique s'en mêle. Nous sommes au plus près des personnages entre réalité et fiction, et c'est passionnant.

"Les orages" Sylvain Prudhomme - éd Gallimard "L'arbalète"

Ce qui frappe quand on lit Sylvain Prudhomme, c'est la douceur avec laquelle il aborde ses personnages. Il les suit, les regarde avec tendresse et délicatesse comme s'il avançait vers eux à pas feutrés. Il n'y a jamais de  jugement ou d'invitation à juger même s'il les dirige parfois vers des chemins tortueux mais en aucun cas il ne se dresse contre eux et les utilise pour dénoncer ou faire valoir un état. Ses personnages évoluent dans un cadre simple, des relations sans heurts apparents, et même si le drame ou la tension s'invite dans le récit, un vieil homme qui perd un peu ses repères mais tente de faire bonne figure, un père au chevet d'enfant malade, un trajet en voiture qui rappelle ceux de l'enfance, ce qu'il raconte alors avec beaucoup de précision c'est la manière dont l'individu s'empare avec ses propres ressources, son intelligence, sa personnalité, de l'événement qu'il est en train de vivre. Sylvain Prudhomme ouvre une voie nouvelle dans la manière de raconter la vie, il semble à chaque phrase désireux de calmer les effets de style pour rendre audible une autre façon d'être et de raconter. Un auteur précieux qui ne cesse de nous émouvoir. 

 

"Le démon de la colline aux loups" Dimitri Rouchon-Borie - éd Le Tripode

Un homme se retrouve en prison. Brutalisé dans sa mémoire et dans sa chair, il décide avant de mourir de nous livrer le récit de son destin. Écrit dans un élan vertigineux, porté par une langue aussi fulgurante, "Le Démon de la Colline aux Loups" raconte un être, son enfance perdue, sa vie emplie de violence, de douleur et de rage, d'amour et de passion. Pourtant, de cette vie dévastée, la lumière surgit. Non pas celle d’une rédemption ou d’une résilience convenue, mais tout simplement la lumière d’une voix. On assiste à la naissance d’une conscience, par l’écriture. Le roman, repose entièrement sur la voix du narrateur, Duke, il emporte tout sur son passage. Dimitri Rouchon-Borie parvient à rendre avec une très grande justesse son « parlement », et, quand on sait combien l’exercice peut mener aux pires ratages, comment la moindre fausse note, le moindre mot en trop ou en moins peut détruire l’harmonie de l’ensemble, on ne peut que louer cette prouesse. La langue de Duke est extraordinaire dans sa capacité à saisir le réel, les émotions qui lui sont corrélées, mais qui sont à peine effleurées, suggérées au lecteur et pourtant complètement dominantes. Le rythme de la phrase, le décalage entre ce qui se passe et la manière dont Duke l’exprime, parce qu’il prend la langue un peu en biais, nous amènent à faire de son regard entièrement le nôtre. "Le Démon de la Colline aux Loups" est un premier roman. C'est un flot ininterrompu d'images et de sensations, un texte étourdissant, une révélation littéraire.

 

"Zoomania" Abby Geni - Actes sud

A Mercy, petite ville d'Oklahoma, une tornade de catégorie 5 a dévasté le quartier et la vie de la Famille McCloud, laissant les quatre enfants orphelins, sans toit, sous la responsabilité de Darlene, l'aînée.Très vite, les médias font des trois jeunes soeurs, contre rétribution, l'image vivante, idéalement photogénique, de la tragédie. Heurté dans ses principes, Tucker, le frère rebelle, se désolidarise du clan et disparaît. Au troisième anniversaire de l'événement, Cora, la benjamine, a neuf ans. La tornade est son premier souvenir. Tucker lui manque terriblement. Le quotidien entre filles dans un mobile home a perdu de son charme. Quand une bombe explose dans l'usine de cosmétiques locale, libérant tous les animaux du laboratoire, les soeurs McCloud ne font pas tout de suite le lien. Mais c'est l'étincelle d'un tout autre cataclysme. Dans une folle cavale à travers l'Ouest américain, aux confins éperdus des jeux de l'enfance et de l'engagement militant, Zoomania met à l'épreuve les limites de l'amour et de la loyauté. Sur fond d'urgence écologique et de défense de la cause animale, entre thriller et méditation sur la nature, Abby Geni nous invite à un apprentissage de l'absolu aussi violent qu'enivrant.Une course-poursuite époustouflante de réalisme sensoriel et d’intelligence narrative. Implacable pilote de grand-huit, Abby Geni (Farallon Islands) est de retour. Accrochez-vous. 

"Un papillon, un scarabée, une rose" Aimee Bender - éd de l'Olivier

Francie a huit ans quand la dépression de sa mère, Elaine, vient bouleverser à jamais son existence. Recueillie par son oncle et sa tante, Francie grandit entourée d'affection auprès de sa cousine Vicky. Malgré tout, elle vit une jeunesse singulière, détachée du réel, habitée par la peur de la folie. Mère et fille tracent dès lors leur chemin : l'une survit, l'autre se construit en s'efforçant de " ralentir le monde " et de sonder ses souvenirs d'enfance. Mais comme toujours dans les romans d'Aimee Bender, la fantaisie règne : un insecte décorant un abat-jour prend vie puis s'échappe, une fleur brodée sur un rideau tombe au sol, bien palpable... L'imaginaire devient le lieu le plus propice à la découverte de vérités profondes.
Un papillon, un scarabée, une rose est avant tout le récit d'une transformation : du chaos au pardon, de l'incompréhension à la résilience.

"Le colibri" Sandro Veronesi - éd Grasset

Marco Carrera est le «  colibri  ». Comme l’oiseau, il emploie toute son énergie à rester au même endroit, à tenir bon malgré les drames qui ponctuent son existence. Alors que s’ouvre le roman, toutes les certitudes de cet ophtalmologue renommé, père et heureux en ménage, vont être balayées par une étrange visite au sujet de son épouse, et les événements de l’été 1981 ne cesseront d’être ravivés à sa mémoire. 
Cadet d’une fratrie de trois, Marco vit une enfance heureuse à Florence. L’été, lui et sa famille s’établissent dans leur maison de Bolgheri, nichée au sein d’une pinède de la côte Toscane. Cette propriété, qui devait symboliser le bonheur familial, est pourtant le lieu où va se jouer le drame dont aucun membre de la famille Carrera ne se relèvera tout à fait. En cet été 1981, celui de ses vingt-deux ans, se cristallisent les craintes et les espoirs de Marco qui devra affronter la perte d’un être cher et connaîtra un amour si absolu qu’il ne le quittera plus.
Grâce à une architecture romanesque remarquable qui procède de coïncidences en découvertes, Veronesi livre un roman ample et puissant qui happe le lecteur dans un monde plus vrai que nature où  la vie, toujours, triomphe.

"Un bref instant de splendeur" Ocean Vuong - éd Gallimard

Un bref instant de splendeur se présente sous la forme d'une lettre qu'un fils adresse à sa mère qui ne la lira jamais. Fille d'un soldat américain et d'une paysanne vietnamienne, elle est analphabète, parle à peine anglais et travaille dans un salon de manucure aux Etats-Unis. Elle est le pur produit d'une guerre oubliée. Son fils, dont la peau est trop claire pour un Vietnamien mais pas assez pour un Américain, entreprend de retracer leur histoire familiale : la schizophrénie de sa grand-mère traumatisée par les bombes ennemies au Vietnam, les poings durs de sa mère contre son corps d'enfant, son premier amour marqué d'un sceau funeste, sa découverte du désir, de son homosexualité et du pouvoir rédempteur de l'écriture. Ce premier roman, écrit dans une langue d'une beauté grandiose, explore avec une urgence et une grâce stupéfiantes les questions de race, de classe et de masculinité. Ocean Vuong signe une plongée dans les eaux troubles de la violence, du déracinement et de l'addiction, que la tendresse et la compassion viennent toujours adroitement contrebalancer. Un livre d'une justesse bouleversante sur la capacité des mots à panser les plaies ouvertes depuis des générations.

Prochainement

Samedi 17 et dimanche 18 juin - Festival du livre - Un week-end littéraire dans les librairies de votre arrondissement.

La librairie d'Odessa vous invite à rencontrer : 

 Samedi 17 juin

Entre 11h et 13 h : Emmanuel Villin dédicacera trois romans et des récits destinés au jeune public.

Entre 16h et 18 h : Sibylle Vincendon présentera et dédicacera "Trois Alexandrines".

Dimanche 18 juin 

Entre 11h et 13h : Caroline Anssens dédicacera "Des cailloux bleus plein les dents".

Entre 14h et 18 h : Valérie Simmonet présentera "Passagère du temps. Paris pour ailleurs" son premier livre de photos. Exposition de plusieurs clichés.

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