Frank Bascombe, né sous la plume de Richard Ford il y a plusieurs décennies, a aujourd'hui 74 ans. Il vit toujours dans le New Jersey à Haddam et travaille comme agent immobilier pour le compte d'un ami. Lorsqu’il apprend que son fils est atteint d’une maladie incurable, il lui propose une virée à la rencontre des monuments d’une Amérique vouée au kitsch : le Palais du Maïs, un hôtel-casino indien, les effigies des « dead presidents » sculptées dans le mont Rushmore. Dans ce roman foisonnant et picaresque l’ombre de la mort plane. Cela n’empêche ni l’humour, ni l’ironie, chers à Richard Ford. Avec ce livre porté par une énergie irrésistible, Richard Ford ausculte une fois encore le mal-être américain sous la forme d‘une comédie noire.
Un récit jubilatoire qui nous plonge dans les arcanes de la justice américaine. Un avocat commis d'office passe le plus clair de son temps à négocier des peines pour ses clients avec un procureur véreux et incompétent. Il aime ce job mais accepte de devenir conseiller juridique dans une boîte de stritease, logée sur un axe routier où convergent de drôles de clients. Un scénario cousu de fils blancs, complètement loufoque, sombre à souhait.
Paul a commis l’irréparable : il a tué son père. Seulement voilà : quand il s’est décidé à passer à l’acte, Thomas Lanski était déjà mort… de mort naturelle. Il ne faudra rien de moins qu’une obligation de soins pendant un an pour démêler les circonstances qui ont conduit Paul à ce parricide dont il n’est pas vraiment l’auteur.
L’Origine des larmes est le récit que Paul confie à son psychiatre : l’histoire d’un homme blessé, qui voue une haine obsessionnelle à son géniteur coupable à ses yeux d’avoir fait souffrir sa femme et son fils tout au long de leur vie. L’apprentissage de la vengeance, en quelque sorte.
Mélange d’humour et de mélancolie, ce roman peut se lire comme une comédie noire ou un drame burlesque. Ou les deux à la fois.
Imaginez un ancien hôtel/refuge de haute montagne, niché dans un hameau déserté l'hiver depuis les années 60, et dont la route d'accès se ferme au 15 décembre pour rouvrir au 15 mars.
Imaginez un couple qui décide de s'y installer à l'année et de vivre les émerveillements et les peurs d'un hivernage de 3 mois, à 1 600 mètres d'altitude, coupé du monde par la neige et les avalanches.
Avec "Au cœur de l'hiver", Jean-Marc Rochette nous raconte son installation dans le massif des Écrins et nous offre un formidable récit d'aventure intimiste.
En septembre 1912, lorsqu’il arrive au sanatorium de Görbersdorf, dans les montagnes de Basse-Silésie, le jeune Wojnicz espère que le traitement et l’air pur stopperont la maladie funeste qu’on vient de lui diagnostiquer : tuberculosis. À la Pension pour Messieurs, Wojnicz intègre une société exclusivement masculine, des malades venus de toute l’Europe qui, jour après jour, discutent de la marche du monde et, surtout, de la « question de la femme ». Mais en arrière-plan de ce symposium des misogynies, voici que s’élève une voix primordiale, faite de toutes les voix des femmes tant redoutées…Hypersensible, malmené par un père autoritaire, Wojnicz veut à toute force étouffer son ambiguïté et dissimuler aux autres ce qu’il est ou redoute de devenir. Pourtant, une mort violente, puis le récit d’autres événements terribles survenus dans la région, vont le conduire à sortir de lui-même. Alors qu’il est question de meurtres rituels et de sorcières ayant trouvé refuge dans les forêts, notre héros va marcher au-devant de forces obscures dont il ne sait pas qu’elles s’intéressent déjà à lui. Ce n'est pas sans humour que l'autrice a choisi comme sous-titre à ce roman inclassable : Roman d'épouvante naturo-pathique.
Olga Tokarczuk a reçu le Prix Nobel de littérature en 2018. Elle est l'écrivaine polonaise la plus traduite à travers le monde.
"Enfance" est le premier volume de "La Trilogie de Copenhague", autobiographie en trois actes publiée entre 1967 et 1971 qui fait aujourd’hui l’objet d’une consécration posthume internationale. Dans cette œuvre magistrale sur le tissu de l’existence, Tove Ditlevsen répond, avec un sens aigu de l’observation, à une question : comment concilier l’art et la vie.
Au fin fond de cette enfance, il y a Istedgade, la rue étroite de Vesterbro, le quartier ouvrier où s’entasse la famille de Tove dans un petit appartement ; il y a l’humeur changeante d’une mère violente, le rire d’un père aussi vieux et crasseux que le poêle, la crainte du chômage, celle de l’aide aux nécessiteux qui pend au-dessus des familles comme une menace moins honteuse que celle de devenir fille-mère avant dix-huit ans. Il y a l’école qu’il faudra arrêter à quatorze ans pour trouver un emploi. Heureusement, il y a Ruth, la meilleure amie, qui ne prend jamais rien au sérieux. Et il y a ce secret que Tove ne peut révéler à personne. Pas même à Ruth. Un jour pourtant, il faudra quitter cette rue étroite de l’enfance pour faire vivre ces mots mystérieux qui se glissent chaque jour sur son âme comme une membrane protectrice.
A l’origine de ce recueil, des textes publiés sur instagram et indirectement adressés à l’aimée.
Des microfictions qui parlent de l’attente, des frustrations et des bonheurs d’une relation impossible. Partagées avec beaucoup d’autres, ces histoires ne sont plus seulement celles de l’auteur mais celles d’une communauté, celle des amants.
Nicolas Mathieu dessine les visages de cet amour fou et donne à voir un monde de coïncidences, d'analogies et de banalités transformées en trésors : les villes entrevues, la mer, les rencontres et les commencements, le désespoir et les joies, le bonheur intenable, les saisons, les matins au lit et les dîners avortés, les gueules de bois, l'attente, la désertion, l'enfance et la fin qui viendra.
Chaque page raconte nos détresses et nos émerveillements.
.Une grande épopée sur les traces des femmes envoyées en Louisiane pour peupler la récente colonie française. Un roman choral
Tout commence à Paris, en 1720. La Supérieure de la Salpêtrière, est mandatée pour envoyer une centaine de femmes "volontaires" en Louisiane, afin d'y épouser des colons français. Parmi celles qui embarquent à bord de La Baleine, trois femmes aux trajectoires distinctes forgent une amitié indéfectible : Charlotte, orpheline de douze ans à la langue bien pendue, Pétronille, jeune aristocrate désargentée, et Geneviève, condamnée pour avortement.
Chacune d'entre elles, une fois arrivées en Louisiane, devra faire face à ce territoire aussi inconnu qu'impitoyable. Mariages, naissances, deuils, guerres : le roman nous embarque au coeur de leurs existences aussi sujettes à la violence que pétries d'espoir. Entre séparations et retrouvailles, les trois protagonistes témoignent d'une fureur de vivre et d'être libres à toute épreuve.
Pour Ryoko Sekiguchi, les odeurs ont la capacité de devenir des personnages, capables de provoquer un drame, délivrer un message, révéler des sentiments et raconter notre passé ou notre avenir. L’Appel des odeurs est un roman composé de plusieurs récits, un peu à la façon des Mille et Une Nuits. La narratrice tient un « carnet d’odeurs », au travers d’histoires ou de contes oniriques. On ignore si ces récits ont été inventés par la narratrice, ou si elle les a « vécus » . Récits ancrés dans des lieux différents et des époques variées : Grenade en Espagne, Spoleto en Italie, dans un opéra à Ferrare au XVIIIe siècle, au Palais-Royal à Paris sur trois siècles consécutifs, en Corse dans l’entre-deux-guerres, au Japon, à Taipei, dans une imprimerie de Téhéran au XIXe siècle, à New York et Los Angeles… Chaque odeur a un corps et un langage, une présence susceptible de bouleverser notre rapport au temps et à l’espace. Puanteurs, miasmes, ou parfums si délicats qu’il faut « prêter le nez » pour les remarquer. La narratrice découvre aussi l’expérience douloureuse de la perte de l’odorat, un exil du monde dont souffrent les personnes atteintes d’anosmie.
Ryoko Sekiguchi a souvent écrit sur les cinq sens : l’audition dans « La Voix sombre », le goût dans plusieurs ouvrages, comme « Nagori » ou « 961 heures à Beyrouth » (et 321 plats qui les accompagnent).Avec ce nouveau livre, elle fait de l’odeur une héroïne de roman. Si « l’odorat, constate Ryoko Sekiguchi, n’a que peu de place en Occident dans les productions de l’esprit, et rares sont les œuvres, littéraires ou philosophiques, qui y sont consacrées », l’odeur est pourtant l’extension de la présence, elle précède et poursuit une apparition. Elle nous offre surtout une lecture plus riche et romanesque du monde.
Avec sensibilité, Sophie Divry allie l’art du récit et une exploration de nos sociétés contemporaines. Bastien, inspecteur du travail à Lyon, est amené à enquêter sur un accident : un ouvrier employé dans une usine de traitement des déchets est mort broyé dans une compacteuse. Maïa, journaliste scientifique, se rend au Cern, le prestigieux centre de recherche nucléaire à Genève, pour écrire un article sur le cristal scintillateur, un nouveau matériau dont les propriétés déconcertent ses inventeurs. Bastien apprend que l’accident est en réalité un homicide. Maïa, elle, découvre que l’expérience a mal tourné. Sa tante, physicienne dans la grande institution suisse, lui demande de l’aider à se débarrasser de ce cristal devenu toxique.
Ce roman addictif qui emprunte aux codes de la série et du thriller est aussi une histoire d’amour. Une rencontre inattendue entre un homme, vaguement catholique et passablement alcoolique, et une femme, orpheline et fière, qui a érigé son indépendance en muraille.
Après avoir enchanté les lecteurs en réglant leur compte à ses souvenirs et à ses illusions perdues, l’ex-parolier de Zebda s’attaque au "vrai" roman pour raconter une émancipation tardive : celle d’une femme algérienne sacrifiée à sa mission de mère dans une France presque aussi rance que raciste. Et comment, pour la rencontrer enfin, son fils – et toute la fratrie – devront apprendre, d’abord, à s’en séparer.
Entre tendresse et cruauté, drôle et parfois – par surprise – bouleversant, "La Vie de ma mère ! " est une déclaration d’amour épe rdu déguisée en portrait de femme crépitant.