"Les naufragés du Wager" David Grann - éd du Sous Sol

En 1740, le vaisseau de ligne de Sa Majesté le HMS Wager, deux cent cinquante officiers et hommes d’équipage à son bord, est envoyé au sein d’une escouade sous le commandement du commodore Anson en mission secrète pour piller les cargaisons d’un galion de l’Empire espagnol. Après avoir franchi le cap Horn, le Wager fait naufrage.
Une poignée de malheureux survit sur une île désolée au large de la Patagonie. Le chaos et les morts s’empilant, et face à la quasi-absence de ressources vitales, aux conditions hostiles, certains se résolvent au cannibalisme, des mutineries éclatent, le capitaine commet un meurtre devant témoins. Trois groupes s’affrontent quant à la stratégie à adopter pour s’en échapper. Alors que tout le monde croyait que l’intégralité de l’équipage du Wager avait disparu, un premier groupe de vingt-neuf survivants réapparaît au Brésil deux cent quatre-vingt-trois jours après la catastrophe maritime. Puis ce sont trois rescapés de plus qui atteignent le Brésil trois mois et demi plus tard. Mais une fois rentrés en terres anglicanes, commence alors une autre guerre, des récits cette fois, afin de sauver son honneur et sa vie face à l’Amirauté et au grand public.

Reconstitution captivante d’un monde disparu, "Les Naufragés du Wager" de David Grann est un formidable roman d’aventures et une réflexion saisissante sur le sens des récits. Un grand livre par l’un des maîtres de la littérature du réel.

"La foudre" Pierric Bailly - éd POL

Berger dans le Haut-Jura, Julien, trentenaire, que tout le monde appelle John comme son grand-père, est en couple avec Héloïse. Il passe cinq mois par an dans les alpages. Lorsqu'il apprend en lisant le journal qu'Alexandre Perrin, un ami de lycée, vétérinaire et militant écologiste, a tué son voisin, un chasseur de 20 ans, il quitte son refuge et reprend contact avec Nadia, l'épouse d'Alexandre et ancienne camarade. Une complicité amoureuse s'installe entre Julien et Nadia. Julien et Alexandre se sont connus au lycée, Alexandre était alors une sorte de modèle pour Julien qui admirait son charisme, son aisance sociale, fasciné par ce compagnon, il avait l'impression qu'il lui avait emprunté son rire. La relation évoluant, il avait gardé des souvenirs contradictoires de cette rencontre. Aussi quand il apprend l'arrestation de son ami, il découvre aussi ce qu'il est devenu, vétérinaire, militant écologiste... il réinterroge ses souvenirs et ne résiste pas à l'attraction de revenir vers ce passé et sans le vouloir consciemment s'inviter dans la vie d'Alexandre en prenant une part dans sa vie amoureuse et affective, en se rapprochant de Nadia son épouse. Ce triangle amoureux n'est pas sans danger et Julien va bien évidemment être aux prises avec ses sentiments, sa culpabilité et un vieux rêve inavoué de vengeance.

"A pied d'oeuvre" Franck Courtès - éd. Gallimard

Franck Courtès a été pendant plus de vingt ans photographe pour de prestigieuses agences. Il a parcouru le monde, rencontré des stars, des politiques et a très bien vécu de son art. Mais un jour, à l'approche de la cinquantaine, l'enthousiasme n'est plus là, le dégoût le gagne et il arrête abruptement son métier, souhaitant se consacrer à plein temps à l'écriture. Malgré quelques prix littéraires et une reconnaissance publique, ses revenus ne lui permettent pas de subvenir à ses besoins vitaux, malgré des restrictions drastiques de son train de vie. Il décide de s'inscrire sur des plate-formes de recrutement en ligne pour des emplois à la journée, manoeuvre, dépanneur en tout genre...  Il découvre la dureté de ces emplois, le mépris des particuliers qui l'embauchent à des prix défiants toute concurrence pour vider un grenier, débarrasser des encombrants... Il découvre la précarité trop souvent méconnue du métier d'écrivain et toute la servitude produite par les emplois issus des plate-formes de services censées mettre en relation utilisateur et abonnés au mépris des conditions de travail des individus recrutés . Voici l'histoire vraie d'un photographe à succès qui abandonne tout pour se consacrer à l'écriture, et découvre la pauvreté. Récit radical où se mêlent lucidité et autodérision, "À pied d'oeuvr"e est le livre d'un homme prêt à payer sa liberté au prix fort. 

"Proust roman familial" Laure Murat - éd Robert Laffont

Toute son adolescence, Laure Murat a entendu parlé des personnages d' "À la recherche du temps perdu", persuadée qu'ils étaient des cousins qu'elle n'avait pas encore rencontrés. À la maison, les répliques de Charlus, les vacheries de la duchesse de Guermantes se confondaient avec les bons mots entendus à table, sans solution de continuité entre fiction et réalité. Car le monde où elle a grandi était encore celui de Proust, qui avait connu ses arrière-grands-parents, dont les noms figurent dans son roman.
Vers l'âge de vingt ans, Laure Murat lit la Recherche. Et là, sa vie change. Proust l'aide à comprendre ce qu'elle traverse,  il lui montre à quel point l'aristocratie est un univers de formes vides. Avant même sa rupture avec sa propre famille, il lui offre une méditation sur l'exil intérieur vécu par celles et ceux qui s'écartent des normes sociales et sexuelles.
"Proust ne m'a pas seulement décillée sur mon milieu d'origine. Il m'a constituée comme sujet, lectrice active de ma propre vie, en me révélant le pouvoir d'émancipation de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec le Temps."

"Jules et Joe" Alexis Salatko - éd Denoël

Portrait croisé du réalisateur Jules Dassin et de son fils Joe Dassin, disparu au sommet de sa gloire, à 41 ans. Deux conceptions différentes du métier d'artiste. Une relation père fils hors du commun qui nous plonge dans les coulisses des tournages de Jules et des concerts de Joe. Trajectoire fascinante des Dassin père et fils, grand cinéaste américain descendant de Samuel Dassin juif d'Odessa qui tenta sa chance en Amérique. Jules retraversa l'atlantique et s'installa en Europe avec sa famille pour fuir le maccarthysme. Un hommage au cinéma et au showbisness. Un hommage bouleversant d'un père à son fils qui évoquerait tous les 20 août de sa vie trop brève.  

 

"La contrée obscure" David Vann - éd Gallmeister

Le 3 juin 1539, le conquistador espagnol Hernando de Soto enfonce son épée dans le sol de La Florida et se proclame gouverneur officiel, adoubé par le roi Charles Quint. Au terme d’un périlleux voyage, après avoir bravé la fougue de la mer et la rage de ses ennemis, le voilà enfin face à son destin. À lui les richesses, à lui la gloire, il bâtira là une nouvelle cité qui portera son nom. Aveuglé par l’ambition, obsédé par l’or, de Soto déferle sur les terres avec ses conquistadors. Mais ces nouvelles contrées se révèlent hostiles, peuplées de Cherokees qui se battent farouchement. Face à l’avidité des espagnols, leur résistance se nourrit des mystères de la création et de mythes. Comme celui de l’Enfant Sauvage qui renaît chaque jour, et avec lui, la soif salvatrice de sang.
Explorant l’héritage de ses ancêtres cherokees, David Vann signe une œuvre virtuose sur le choc sanglant des cultures, mêlant avec intensité l’intime à l’universel.

"Et moi, je me contenterais de t'aimer" Rosella Posterino - éd Albin Michel

Après la "Goûteuse d'Hitler", Rosella Postorino nous offre un roman sur le déracinement et l'amour maternel. Un récit à la fois intimiste et bouleversant centré sur trois enfants parmi tant d'autres de la guerre des Balkans. Trois enfants qui se poseront une seule et même question : "Où est notre mère ?". Sarajevo, printemps 1992. Omar a dix ans et passe ses journées à la fenêtre en espérant que sa mère revienne. Seule Nada, avec ses beaux yeux bleus, parvient à l'apaiser en lui tenant la main. Elle a un frère, Ivo, assez âgé pour être mobilisé.  Pour les éloigner de la guerre, un matin de juillet, un bus humanitaire les emmène en Italie. Si la mère d'Omar est toujours vivante, comment fera-t-elle pour le retrouver ? Et si Ivo mourait au combat ? Sur la route de l'exil, Nada rencontre Danilo, qui lui fait une promesse. Arrivés en terre étrangère, entre instituts et familles d'accueil, chacun, sans le savoir, rompt un peu plus le lien avec sa naissance en ouvrant une nouvelle page. Car le prix à payer pour la paix retrouvée est la perte irréversible de l'amour originel. Sauf à se jurer fidélité en tissant un lien qui sera leur salut. Avec une intelligence remarquable et un souffle romanesque puissant, Rosella Postorino signe un roman à la fois épique et intime, inspirée de témoignages d'enfants qui ont vécu l'exil. Une histoire d'amour et de guerre, une magnifique évocation de l'innocence et de la perte.

"Gare Saint-Lazare" Dominique Fabre - éd Fayard

Avec des décennies de recul, un homme revient sur les traces de son enfance et de son adolescence, dans la salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare, les rues populeuses alentour, les cafés où les banlieusards boivent debout au comptoir avant d’attraper leur train. Habitant de la première couronne, c’était sa porte d’entrée dans Paris. A moins que la gare n’ait en somme représenté à ses yeux la ville tout entière?  C’est de là qu’il partait pour l’internat. Ou vers des familles d’accueil. Là qu’il errait avec un ami pour éviter de rentrer chez cette mère qui n’était pas toujours contente de le voir. Là qu’il est tombé amoureux d’une vendeuse à la sauvette qui aimait se moquer gentiment de lui.
Autour de lui, mille vies que son regard d’enfant meurtri lui fait voir avec une acuité particulière. Comme si la contemplation du monde en condensé que sont toutes les gares lui avait toujours tenu lieu de refuge, et offert l’espoir d’une réconciliation.
 

"Trust" Hernan Diaz - éd de l'Olivier

Nous sommes dans les années 1930, la Grande Dépression frappe l’Amérique de plein fouet. Wall Street traverse l’une des pires crises de son histoire. Un homme, néanmoins, a su faire fortune là où tous se sont effondrés. Héritier d’une famille d’industriels devenu magnat de la finance, il est l’époux aimant d’une fille d’aristocrates. Ils forment un couple que la haute société new-yorkaise rêve de côtoyer, mais préfèrent vivre à l’écart et se consacrer, lui à ses affaires, elle à sa maison et à ses oeuvres de bienfaisance. Tout semble si parfait chez les heureux du monde… Pourtant, le vernis s’écaille, et le lecteur est pris dans un jeu de piste.Et si cette illustre figure n’était qu’une fiction ? Et si derrière les légendes américaines se cachaient d’autres destinées plus sombres et plus mystérieuses ?

"Western" Maria Pourchet - éd Stock

"J’entends par western un endroit de l’existence où l’on va jouer sa vie sur une décision."C’est en suivant cette éternelle logique de l’Ouest qu' Alexis Zagner, « la gueule du siècle », poussé par l’intuition d’un danger, part vers l'ouest ne laissant aucune trace sur son sillage et arrive incognito dans un village du Lot. Comédien renommé qui devait incarner Dom Juan, il abandonne brusquement le rôle mythique et quitte la ville à la façon des cow-boys – ceux-là qui craignent la loi et cherchent à fondre leur peur dans le désert. Qu’a-t-il fait pour redouter l’époque qui l’a pourtant consacré ? Et qu’espère-t-il découvrir à l’ouest du pays ?
Pas cette femme, Aurore, qui l’arrête en pleine cavale et semble n’avoir rien de mieux à faire que retenir le fuyard et percer son secret. Tandis que dans le sillage d’Alexis se lève une tempête médiatique, un face à face sensuel s’engage entre ces deux exilés revenus de tout, et surtout de l’amour, qui les désarme et les effraie. Dans ce roman galopant porté par une écriture éblouissante, Maria Pourchet livre, avec un sens de l’humour à la mesure de son sens du tragique, une profonde réflexion sur notre époque, sa violence, sa vulnérabilité, ses rapports difficiles à la liberté et la place qu’elle peut encore laisser au langage amoureux.

"Sarah, Suzanne et l'écrivain" Eric Reinhardt - éd Gallimard

Sarah a confié l'histoire de sa vie à un écrivain qu'elle admire, afin qu'il en fasse un roman. Dans ce roman, Sarah s'appelle Susanne. Au départ de ce récit, Susanne ne se sent plus aimée comme autrefois. Chaque soir, son mari se retire dans son bureau, la laissant seule avec leurs enfants. Dans le même temps, elle s'aperçoit qu'il possède soixante-quinze pour cent de leur domicile conjugal. Troublée, elle demande à son époux de rééquilibrer la répartition et de se montrer plus présent, en vain. Pour l'obliger à réagir, Susanne lui annonce qu'elle va vivre ailleurs quelque temps. Cette décision provoquera un enchaînement d'événements aussi bouleversants qu'imprévisibles... Réflexion sur le lien troublant et mystérieux qui peut apparaître entre lecteurs et écrivains, ce roman puissant, porté par la beauté de son écriture, fait le portrait d'une femme qui cherche à être à sa juste place, quelque périlleux que puisse être le chemin qui y mène.

Prochainement

 

Jeudi 25 avril 

 leconvoi

Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

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