"Cabane" Abel Quentin - éd de l'Observatoire

Nous sommes à Berkeley en 1973 au département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l'IBM 360, sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du XXIe siècle. Le rapport est publié et devient un best seller. Il n’est hélas suivi d’aucun effet. Le rapport 21 s’inspire du rapport Meadows publié en 1972 .
Le roman s’intéresse ensuite au positionnement des 4 chercheurs. Au sein de l'équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d'Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l'opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l'énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths disparaît des radars.
De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d'une traque, et la satire féroce d'une humanité qui danse au bord de l'abîme. 

"Madelaine avant l'aube" Sandrine Colette - éd Lattès

Sandrine Colette creuse la thématique de la nature impitoyable. Vous aurez rarement aussi faim aussi froid, vous sentirez dans vos chairs de lecteur et de lectrices les morsures des aubes glaciales, le manque de nourriture qui pétrit les ventres et vivrez une intense épreuve physique et morale car au-delà des caprices des saisons il est aussi des lois féodales qui régissent ce hameau « les Montées » où vivent Ambre, Aellis, Rose, Eugène, Germain… et auxquelles il semble impossible de déroger. C’est un conte terriblement cruel, où apparaît dès les premières pages une enfant orpheline Madelaine, fée et démon à la fois, qui va ébranler l’ordre social de cette communauté d’un autre âge.

  

"Ceux du lac" - Corinne Royer - éd Seuil

A quelques kilomètres du centre ville de Bucarest vit la famille Serban dans une cabane au bord d’un lac. Les enfants vivent au rythme des saisons et en pleine nature. C’est une fratrie tzigane majoritairement masculine âpre, vigoureuse et aimante. Mais un jour les autorités décident de créer une réserve naturelle et obligent la famille à quitter les lieux . Inspirée d’une histoire vraie, celle de la famille Vacaresti, ce texte raconte l’impossible adieu au royaume, et il interroge les contradictions de notre époque : confiscation de la nature au prétexte de sa sauvegarde, sanctuarisation de lieux sauvages, le rapport homme/animal l’éloignement de l’un par rapport à l’autre. Fable onirique et réaliste où se superposent des pans de l’histoire de la Roumanie, des croyances, des chants.

 

 

"Nord sentinelle" Jérôme Ferrari - éd Actes sud

Sur un fil tragi-comique, dans une langue vibrante aux accents corrosifs, Jérôme Ferrari retrouve l'un de ses thèmes phares, la violence insulaire, et entame une réflexion sur ce qui lie exploration, colonisation et tourisme. Sur ce qui, dès le premier pas posé sur le rivage, corrompt la terre et le coeur des hommes. 

À partir d"un événement mineur qui engendre de lourdes conséquences, le narrateur remonte la ligne de vie des protagonistes et dessine, non sans humour, les contours d'une dynastie de médiocres contaminée par une violence érigée en vertu. 

  

 

"Alors c'est bien" Clémentine Mélois - éd Gallimard

D’une fantaisie irrésistible, "Alors c’est bien" offre un regard sensible et inattendu sur la perte et la filiation. C’est aussi l’hommage de l’artiste Clémentine Mélois à son père, artiste et bricoleur de génie qui lui a transmis son humour inquiet, son amour des mots et son vital élan de création. Alors qu’il vit ses derniers jours, ses filles reviennent dans leur maison d’enfance. En compagnie de leur mère, des amis, des voisins, elles vont faire de sa mort une fête, et de son enterrement une œuvre d’art. Périple en Bretagne pour faire émailler la croix, customisation du cercueil, préparatifs d’une cérémonie digne d’un concert au Stade de France : l’autrice raconte cette période irréelle et l’histoire de ce père hors du commun dont la voix éclaire le récit.

"Le rêve du jaguar" Miguel Bonnefoy - éd Rivages

Miguel Bonnefoy explore depuis 10 ans l’histoire de sa famille entre Venezuela, Chili et France. Des générations de personnages de bâtisseurs, emportés par leurs passions et qui ont envie de transformer le monde. Son grand-père Antonio est un enfant des rues de Maracaibo, il grandit dans une maison close et devient chirurgien, il crée la première université de Maracaibo au Venezuela. La grand-mère de l’auteur Anna Maria est la première femme médecin du Venezuela gynécologue obstétricienne. Leur première fille s’appellera Venezuela. Antonio et Anna-Maria sont deux figures inspiratrices et fondatrices dans le panthéon familial. Miguel Bonnefoy renoue avec le réalisme magique cher à Gabriel Garcia Marquez pour faire revivre la fondation d’un pays et la création d’une dynastie en mêlant les mythes, les légendes à l’âpreté du réel. Récits gigognes, qui retracent l’histoire de trois générations et entremêlent les destins de ses personnages à l’histoire du Venezuela qui se crée sous leurs pas.

"Ilaria" Gabriella Zalapi - éd Zoé

Troisième roman de Gabriella Zalapi, auteure et artiste plasticienne. Ce livre est écrit à hauteur d’enfant, il raconte l’histoire de l’enlèvement d’une petite fille de 8 ans par son père. Un jour de mai 1980 , Ilaria monte dans la voiture de son père à la sortie de l’école, ses parents sont en instance de divorce. Passé le week-end, il ne raccompagne pas l’enfant chez sa mère et invente des vacances qui vont durer deux ans. Ils voyagent du Nord de l’Italie jusqu’en Sicile, d’hôtel en station service, le père bois pas mal, il s’arrête régulièrement pour téléphoner à la mère de l’enfant sans que cette dernière puisse lui parler. Parfois, il manque d’agent, il monte de petites escroqueries auxquelles sa fille participe. L’enfant apprend à ne pas pleurer l’absence de sa mère, à ne pas poser trop de questions… Mais il y a aussi des moments solaires et le parti pris de rester du côté de la lumière. Un  texte bouleversant.

"Jacaranda" Gaël Faye - éd Grasset

8 ans après la parution de « Petit pays » Gael Faye parle dans « Jacaranda » de la génération d’après le génocide, la jeunesse d’aujourd’hui qui tente de vivre, grandir, s’exprimer, être heureuse malgré les traumatismes du passé. Milan le narrateur a 12 ans en avril 1994, quand il entend pour la première fois parler du Rwanda à la TV, il vit avec sa mère rwandaise et son père français en région parisienne. Sa mère ne parle jamais de son pays. Elle élude et reste très évasive quand elle accueille un jeune garçon Claude, grièvement blessé pour quelques mois en France. Milan part pour la première fois au Rwanda quand il a 17 ans. Vont alors commencer pour lui des années d’apprivoisement avec ce pays qu’il va apprendre à connaître et à comprendre. Ce récit est nourri des allers retours du narrateur, avant son installation définitive au Rwanda, des amitiés qu’il va construire à Kigali avec Claude (demi-frère de sa mère) , Euzébie, Sartre, soldat Alfred, sa grand-mère Rosalie, sa cousine Stella. Gael Faye nous fait entrer avec sa délicatesse habituelle, en évoquant beaucoup le quotidien, dans la vie de personnes proches (ses amis, sa famille) qui doivent composer avec les horreurs du passé et l’envie d'avancer en rêvant à l’avenir. La musique tient une place importante dans ce récit.

"Frapper l'épopée" Alice Zeniter - éd Flammarion

Une fresque historique qui mêle l’histoire et le récit personnel et nous permet de mieux connaître la Nouvelle Calédonie. Alice Zeniter prend le temps d’expliquer tout sur cette île, son histoire, ses histoires multiples mais aussi sa géologie, sa végétation, son rapport au temps et à l’espace, ses croyances, les histoires coloniales qui se sont entremêlées, l’histoire de la colonie pénitentiaire… elle rompt avec les récits de l’épopée coloniale en restituant tout ce qui compose la culture de cette île sur le temps long et force à changer les modes de récits. Tass est née en Nouvelle Calédonie de père Kanak et de mère métropolitaine, elle a vécu une dizaine d’années en métropole où elle était prof de français. Après de nombreux allers et retours qui lui ont fait perdre un peu contact avec l’île, elle revient à Nouméa et reprend un poste d’enseignante dans un lycée. Parmi ses élèves deux jumeaux Kanak l’intriguent, ils échangent peu avec les autres lycéens, et semblent porter des tatouages qui intriguent Tass. Un jour ils disparaissent, elle part à leur recherche. Elle aborde, grâce à ce déplacement sur le territoire, d’autres façons de penser l’espace, le temps et l’humanité.

"Le club des enfants perdus" Rebecca Lighieri - éd POL

Armand et Birke comédiens connus forment un couple très remarqué. Leur fille Miranda qui a grandi dans ce milieu ouvert et décomplexé demeure pour ses parents un mystère. Enfant discrète, adolescente effacée, elle semble dans l'incapacité de dévorer la vie comme ses parents. Submergée régulièrement par des crises de mélancolie, elle sonde son époque, ses tensions, ses inquitéudes et sa violence. Cette incursion dans l'intimité d'une jeune femme, qui comme d'autres avant elle ont rejoint le club des enfants perdus, nous éclaire sur les interrogations  d'une génération. 

"Houris" Kamel Daoud - éd Gallimard

Rescapée des massacres de son village en 1992, laissée pour morte après une tentative d'égorgement qui l'a privée de sa voix, la narratrice Aube vit à Oran. Elle porte sur son corps et sur son visage les traces d'une guerre dont il est interdit de parler. Enfermée dans le silence de  son corps, elle dialogue avec l'enfant qu'elle porte et qu'elle prénomme Houris. Coincée entre son salon de coiffure, la mosquée et les prêches haineux de l'Imam du quartier à l'égard des femmes, elle entreprend un long périple vers son village natal "l'endroit mort" décimé par les katibas islamistes. Récit écrit à la première personne, d'une intensité rare et dans lequel l'auteur s'engage sans détour contre les représentants du pouvoir religieux.

Prochainement

En mars 2025

Guerre en Ukraine : les voix des femmes

Bibliothèque Benoîte Groult : jeudi 6 mars

 unelettredelest

Les Ukrainiennnes vivent depuis trois ans une guerre de haute intensité s'imprimant durablement dans le paysage et dans les corps. Femmes soldates, militantes, soignantes, aidantes, sur le front, déplacées  ou en exil, le profil de ces femmes est multiple. Cette rencontre s'appuie sur les reportages de la grand reporter Margaux Benn, prix Albert-Londres 2022 et les témoignages recueillis par Inna Shevchenko, écrivaine franco-ukrainienne, publiés dans son livre "Une lettre de l'Est"

Réservation recommandée auprès de la bibliothèque.

 Maylis de Kerangal

Bibliothèque Benoîte Groult : mercredi 19 mars

 jourderessac

Rencontre et échange autour de son dernier livre "Jour de ressac". Nous parlerons d'écriture, de villes et de l'écriture des lieux.

Réservation recommandée auprès de la bibliothèque.

 

Lire la suite...

Connexion