
Celles et ceux qui ont lu "Brooklyn" paru en 2009 connaissent déjà Eilis Lacey, elle avait quitté l’Irlande dans les années 50 et avait rejoint la grande communauté des expatriés de New York. Elle était devenue Eilis Fiorello en épousant Toni Fiorello il y a 25 ans, plombier d’origine italienne, ils sont parents de deux grands enfants. Ils vivent dans la banlieue de NY. Eilis étouffe un peu au sein de la grande famille envahissante de Toni, et quand elle apprend que ce dernier a eu un enfant hors mariage elle décide de prendre ses distances et de partir passer quelques mois à Enniscorthy, petite ville irlandaise dont elle est originaire pour revoir sa mère qui fête ses 80 ans et qu’elle n’a pas revue depuis 20 ans, ses amies d’enfance et un amour de jeunesse. Le titre du livre est trompeur car la plus grande partie de la narration se déroule en Irlande et non à Brooklyn (Long Island). Un autre piège se referme sur elle dans cette communauté apparemment bienveillante mais qui se comporte de façon assez indiscrète et pas aussi aimante qu’elle l’imaginait. Elle vit l’épreuve du double exil, et de la solitude parmi les siens. Colm Toibin manie avec subtilité et délicatesse tous ces signes et manifestations qui l’excluent.