Ils étaient 5 amis, inséparables durant leurs années de lycée. Tsukuri a du rejoindre Tokyo pour ses études. Un jour, ses amis d'enfance lui ont signifié qu'ils ne souhaitaient plus le revoir, sans donner d'explication et en le laissant méditer sur cette phrase : « Interroge-toi toi même ». Quinze ans après, et une sévère dépression, Tsukuru revient vers sa ville natale à la demande de sa petite amie, qui le pousse à éclaircir cette rupture subite. Tsukuru entreprend un pèlerinage vers sa ville natale. Roman grave et nostalgique qui interroge la mémoire, le poids des regrets, la peur de l'abandon, et la nécessité de l'ouverture aux autres.
Adèle, c’est l’arrière-grand-mère de la narratrice qui en retrace la vie, à fois réelle et imaginée. Ces deux femmes ont le même attachement pour la maison familiale de St-Pair en Normandie voisine de la Manche, mer dont la présence lumineuse et capricieuse traverse le roman. Le récit est rythmé par les séjours des deux femmes dans ce lieu. Elles y vont en train, dans des voyages d’abord interminables dont la durée raccourcit au fur et à mesure que le temps passe. Adèle est née en 1870, elle est issue de la grande bourgeoisie dont le passé est toutefois entaché par une mère demi-mondaine. Adèle est une femme libre qui assume ses choix tels celui de son mari. Avec lui, elle vit un mariage heureux et s’adonne avec plaisir à la « chasse au crocodile », petit nom donné à leurs ébats intimes. La vie passe et apporte son lot de joies puis de malheurs, la mort prématurée de son mari, la guerre et la perte de deux enfants. Adèle est toujours là, on la voit grossie et alanguie sur les coussins de sa véranda normande, puis vieillie et amaigrie parcourir des kilomètres à pied. Composé à partir de faits réels et de l’imaginaire de la narratrice, ce beau portrait de femme est sensible et vivant. Pascaline S. / Club de lecture
Jeune émigré kurde, Esma porte une histoire familiale entachée de sang. Elle retrace sur trois générations le lourd destin qui la lie à ses ancêtres. Des rives de l'Euphrate à l'Angleterre, la quête de la liberté se heurte aux traditions et Esma va démêler lentement les fils de la haine et de l'amour.
« Le peintre d’éventails » : Dans la pension tenue par une ancienne courtisane, viennent se réfugier des êtres abîmés. Son auberge se situe dans un microcosme où le temps semble s'être arrêté. Elle donne sur un magnifique jardin objet de superbes descriptions poétiques émaillées de haiku. Il est aussi question de la transmission du savoir afin que la beauté ne se perde pas. A travers les explications données à un jeune apprenti, l’auteur résume les conceptions fondamentales de l'esthétique japonaise basée sur la quête d'une perfection inachevée, d’une l'élégance épurée. Si la première partie du roman offre une vision contemplative, la seconde partie voit les forces de la nature se déchaîner sur cet endroit retiré. Pourtant, la vie s'accroche et permet de retrouver la beauté au cœur du désastre. Un véritable bijou ciselé de grâce et de poésie à savourer absolument. Sylvie F.
Le roman du mariage : Ce troisième roman de l’auteur culte de Virgin Suicides et de Middlesex est un roman d’initiation aux utopies, à la réalité, à l’amour. Etudiants à Brown University, Madeleine, Mitchell et Léonard forment un trio tiraillé entre leurs sentiments et les théories littéraires qu’ils découvrent, à un moment de leur jeunesse où les décisions qu’ils prennent peuvent engager toute une vie. Madeleine, issue d’une famille aisée, tombe amoureuse de Leonard, à l’enfance difficile et aux tendances bipolaires, maladie dont l’auteur dresse un portrait documenté, loin des clichés à la mode. Pendant ce temps, Mitchell aime Maddy en secret et attend son heure tout en sublimant son désir dans l’étude des religions. De ce classique triangle amoureux, Jeffrey Eugenides tire un texte magnifique et emporte ses lecteurs qui n'oublieront pas ses personnages. Monica D. / Club de lecture
Ce très beau titre illustre une autobiographie passionnante. Avril 1972 elle est étudiante à l’université de Yale, originaire du New Hampshire, elle écrit dans le New York Time Magazine, sur sa génération et les espoirs déçus. Cet article est l’origine d’une relation épistolaire et fusionnelle avec Jerry Salinger, de 35 ans son ainé. Un quart de siècle plus tard à la lecture de cette correspondance, elle retrace et analyse sa vie affective, amoureuse et sexuelle « ce qui s’est passé entre nous a façonné ma vie de multiples façons », son éducation « dès ma plus tendre enfance j’ai été élevée en observatrice…mon père m’a appris à voir, ma mère m’a mis un stylo en mains ». Sa volonté d’être authentique et lucide rend ce récit extrêmement vivant.
L’écriture est le fil conducteur de sa vie, une nécessité, ce portrait de femme est un itinéraire complexe et singulier. Joyce Maynard dévoile la construction de son histoire avec beaucoup de courage et de force, l’intime est confronté aux regards publics. VHS
Par une écriture simple, richesse dans l'expression du propos, l'auteur nous conduit à une réflexion inédite du monde moderne « accusateur ». Au prétexte d'organiser les retrouvailles d'un groupe d'amis, "les byzantins", séparés dans leur jeunesse, il y a 25 ans, certains en exil pour diverses raisons plus politiques que religieuses, d'autres restés par allégeance, nous entraîne dans une réflexion philosophique sur l'appartenance au pays natal que les gouvernements laïques transformeront, à leur insu, en une appartenance religieuse. Ce ne sera pas le seul paradoxe développé dans le roman, la citation, préface de Simone Weil philosophe, sur la responsabilité partagée des victimes et leurs bourreaux. "le levant" sera le lieu, "les événements" la guerre, et au détour du récit un nom abandonné "Chatila" sera le pivot de l'histoire. Description subtile d’une nature luxuriante et odorante, intensité des sentiments amicaux et amoureux, émotion du vécu de chacun, mais si les souvenirs sont toujours présents en pensées, leur réalité est à jamais disparue, et va grandir en eux la crainte que ces retrouvailles terniront. Michèle L. / Club de lecture
"Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose". A travers son corps, un homme nous raconte sa vie, il nous dit : la caresse du vent sur sa peau, la peur des coups qui le paralyse, la peur du vide qui broie "ses couilles", la tête lourde pendant l'étude, le corps qui se refuse à danser, sa jouissance en découvrant l'amour avec Mona, ses souffrances en se faisant arracher un polype dans le nez pour ne plus ronfler près de sa bien-aimée. Avec l'apparition de trois minuscules taches rouges sur les avant bras, qui vont se multiplier dans les années à venir, commence la désagrégation, malgré une constante joie d'être en vie. "Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps, un enfant déconcerté", nous dit Daniel Pennac. Ce récit inhabituel nous amène à une rélfexion passionnante, sur nous mêmes, dont nous n'avons pas l'habitude. Florence G. / Club de lecture
Les sortilèges du cap Cod, dernier ouvrage de Richard Russo, est un roman attachant et drôle. L'auteur s'y atèle pourtant à des sujets ambitieux à priori peu enclins à l'humour : la fin d'un amour et l'impossibilité d'échapper à ce qui nous constitue, notre enfance.
Lire la suite : "Les sortilèges du cap Cod" Richard Russo éd 10/18
Ce roman relate l'édification d'un pont, gigantesque, quelque part dans une Californie imaginaire. Grande aventure humaine, sa construction est soumise au diktat des intérêts politiques locaux, et portée à bout de bras par une population d'ouvriers, venus des quatre coins du monde et des États- Unis. Maylis de Kerangal a écrit là une oeuvre puissante, ambitieuse et fort réussie.
Lire la suite : "Naissance d'un pont" Maylis de Kerangal - Folio Gallimard
Louis et Murphy, deux hommes qui ont en commun une passion obsédante pour une même jeune femme, Nora. Etoile vibrante, elle veille à maintenir le désir chez ces deux êtres qui l'attendent chacun à leur tour, l'un à Paris, l'autre à Londres.
Les chapitres suivent les allées et venues de Nora, puisque c'est elle qui donne le rythme à cette fable résolument contemporaine, où tout est à la fois léger et grave.
Lire la suite : "La vie est brève et le désir sans fin" Patrick Lapeyre Folio Gallimard