C'est un premier roman et c'est absolument bouleversant. Un livre qui ne ressemble à aucun autre. Il se lit dans un souffle, en une nuit, dans l'émotion, le sourire et le désarroi car ce livre sonne juste et résonne fort. Une New-Yorkaise de 28 ans, plaque tout, mari, travail... pour partir en Nouvelle-Zélande. Un coup de tête, une forte dépression, une profonde interrogation sur sa vie... Plus que tout cela, ce voyage est un vertigineux périple intérieur qui prend la forme d'un renoncement au monde. Ce livre parle de la perte de soi et du divorce d'avec soi-même. Ce sujet a rarement été traité avec une telle intelligence, une telle profondeur. Car il s'agit de plonger, toujours plus loin, avec Elyria, dans cette perte, cette indifférence à soi-même, qui s'apparente à un suicide social mais qui est plus que cela, un abandon. Elle parle de son ennemi intérieur, celui qui revient quand elle n'arrive plus à faire le tri dans les choix, les décisions à prendre, les avis à donner pour se comporter comme « un adulte responsable », elle le nomme « Le Yack ». Catherine Lacey parvient à exprimer l'intime, l'âme et le corps, en soulevant toutes les interrogations possibles, dans un refus têtu de ne plier devant aucune concession. L'extrême originalité de ce récit tient beaucoup à sa forme où se mêlent à la fois, un puissant décalage, une audace surprenante à parler sans retenue de ce que généralement on préfère taire.