Par une écriture simple, richesse dans l'expression du propos, l'auteur nous conduit à une réflexion inédite du monde moderne « accusateur ». Au prétexte d'organiser les retrouvailles d'un groupe d'amis, "les byzantins", séparés dans leur jeunesse, il y a 25 ans, certains en exil pour diverses raisons plus politiques que religieuses, d'autres restés par allégeance, nous entraîne dans une réflexion philosophique sur l'appartenance au pays natal que les gouvernements laïques transformeront, à leur insu, en une appartenance religieuse. Ce ne sera pas le seul paradoxe développé dans le roman, la citation, préface de Simone Weil philosophe, sur la responsabilité partagée des victimes et leurs bourreaux. "le levant" sera le lieu, "les événements" la guerre, et au détour du récit un nom abandonné "Chatila" sera le pivot de l'histoire. Description subtile d’une nature luxuriante et odorante, intensité des sentiments amicaux et amoureux, émotion du vécu de chacun, mais si les souvenirs sont toujours présents en pensées, leur réalité est à jamais disparue, et va grandir en eux la crainte que ces retrouvailles terniront. Michèle L. / Club de lecture
"Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose". A travers son corps, un homme nous raconte sa vie, il nous dit : la caresse du vent sur sa peau, la peur des coups qui le paralyse, la peur du vide qui broie "ses couilles", la tête lourde pendant l'étude, le corps qui se refuse à danser, sa jouissance en découvrant l'amour avec Mona, ses souffrances en se faisant arracher un polype dans le nez pour ne plus ronfler près de sa bien-aimée. Avec l'apparition de trois minuscules taches rouges sur les avant bras, qui vont se multiplier dans les années à venir, commence la désagrégation, malgré une constante joie d'être en vie. "Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps, un enfant déconcerté", nous dit Daniel Pennac. Ce récit inhabituel nous amène à une rélfexion passionnante, sur nous mêmes, dont nous n'avons pas l'habitude. Florence G. / Club de lecture
Les sortilèges du cap Cod, dernier ouvrage de Richard Russo, est un roman attachant et drôle. L'auteur s'y atèle pourtant à des sujets ambitieux à priori peu enclins à l'humour : la fin d'un amour et l'impossibilité d'échapper à ce qui nous constitue, notre enfance.
Lire la suite : "Les sortilèges du cap Cod" Richard Russo éd 10/18
Ce roman relate l'édification d'un pont, gigantesque, quelque part dans une Californie imaginaire. Grande aventure humaine, sa construction est soumise au diktat des intérêts politiques locaux, et portée à bout de bras par une population d'ouvriers, venus des quatre coins du monde et des États- Unis. Maylis de Kerangal a écrit là une oeuvre puissante, ambitieuse et fort réussie.
Lire la suite : "Naissance d'un pont" Maylis de Kerangal - Folio Gallimard
Louis et Murphy, deux hommes qui ont en commun une passion obsédante pour une même jeune femme, Nora. Etoile vibrante, elle veille à maintenir le désir chez ces deux êtres qui l'attendent chacun à leur tour, l'un à Paris, l'autre à Londres.
Les chapitres suivent les allées et venues de Nora, puisque c'est elle qui donne le rythme à cette fable résolument contemporaine, où tout est à la fois léger et grave.
Lire la suite : "La vie est brève et le désir sans fin" Patrick Lapeyre Folio Gallimard
Sobre, cinglante, Anne B. Ragde ne s'encombre jamais de fioritures : son écriture au scalpel a la froideur de la terre scandinave, un monde souvent cruel dont elle convoque tous les démons, sous un halo de brumes bergmaniennes.
Erwin veut qu'on le laisse dormir, mais ce n'est pas une manière de fuir la réalité. Ce jeune rescapé des camps trouve dans cet état intermédiaire un moyen de dialoguer avec ses parents disparus, d'attendre une vie nouvelle. En Palestine, où il est recueilli, il doit renoncer à sa langue maternelle pour apprendre l'hébreu et participer à la construction du pays. Mais comment accepter cette nouvelle perte ?
Lire la suite : "Le garçon qui voulait dormir" - Aharon Appelfeld – Point Seuil
1951, la guerre de Corée a débuté depuis un an. Marcus Messner, dont les deux cousins sont morts au front, vit chez ses parents à Newark dans le New Jersey. Très bon élève et fils exemplaire, il aide son père dans la boucherie kasher familiale depuis son plus jeune âge. Destiné à poursuivre ses études à la petite université locale de Robert Treat, le brusque changement de caractère de son père va l'amener à partir loin de chez lui.
1992, après 50 ans d'occupation soviétique, l'Estonie accède à l'indépendance. La situation est instable et la vieille Allide, qui vit seule dans un village reculé, redoute les pillages et se terre dans sa ferme. Pourtant quand elle trouve, cachée dans son jardin Zara, une jeune femme poursuivie par des mafieux, elle accepte de l'héberger.