"Là où les chiens aboient par la queue" Estelle-Sarah Bulle - éd Piccolo Liana Levi

Le titre signifie en créole « un coin perdu ». La famille Ezechiel, est originaire du hameau de Morne-Galant en Guadeloupe. Les descendants de Hilaire (grand-père paternel de l'auteure) vivent en métropole depuis les années 70. Au fil du récit, Estelle-Sarah Bulle, née à Créteil en 1974, nous entraîne dans une histoire largement méconnue, celle de Français des Antilles. La narratrice se fait raconter son île, qu'elle ne connaît que comme une destination de vacances, par sa tante Antoine, septuagénaire, l'aînée de la fratrie. Extravagante, imprévisible, drôle, fantasque, Antoine a l'étoffe d'un personnage romanesque. Très jeune, elle quitte le village pour Pointe-à-Pître, se lance dans le commerce avec d'autres îles des Caraïbes, se retrouvent mêlées aux affrontements pour l'indépendance de l'île et débarque à Paris, dans un appartement de banlieue loué par son frère mais où elle ne voudra jamais mettre les pieds, se destinant à la capitale et rien d'autre. C'est dans une ancienne boutique du 18ème arrondissement qu'elle loge et que sa nièce la rejoint pour écouter ses récits. Peu de textes contemporains racontent comment cohabitaient dans les territoires d'outre-mer les habitants originaires de la Caraïbe, les descendants des populations françaises du continent, les bretons, les normands de Guadeloupe, les Blancs Matignons, les Béké, les grandes familles de planteurs. Les populations ne se mêlaient pas et les territoires restaient très découpés en zones infranchissables. La narratrice interroge cette tante fantasque qui déroule, au fil des conversations les différents épisodes de sa vie, elle fait revivre, le verbe haut, la métaphore truculente, ce que pouvait être une enfance en Guadeloupe dans les années d'après-guerre, les taudis de Pointe-à-Pître, la splendeur des paysages, la ferveur religieuse mêlée aux croyances païennes, une langue interdite le créole, la persistance de la ségrégation dans une société fortement clivée. L'auteure interroge alternativement ses tantes, Antoine et Lucinde, son père appelé par ses aînées « petit frère ». Les récits se croisent, s'interpellent, se contredisent, dévoilant des expériences différentes de l'enfance, de la vie en métropole, des rêves accomplis ou déçus, dans une narration vive, enlevée, drôle et critique. Un récit extraordinaire qui fige le sourire au coin des lèvres, du début à la fin de l'histoire.

Prochainement

En mars 2025

Guerre en Ukraine : les voix des femmes

Bibliothèque Benoîte Groult : jeudi 6 mars

 unelettredelest

Les Ukrainiennnes vivent depuis trois ans une guerre de haute intensité s'imprimant durablement dans le paysage et dans les corps. Femmes soldates, militantes, soignantes, aidantes, sur le front, déplacées  ou en exil, le profil de ces femmes est multiple. Cette rencontre s'appuie sur les reportages de la grand reporter Margaux Benn, prix Albert-Londres 2022 et les témoignages recueillis par Inna Shevchenko, écrivaine franco-ukrainienne, publiés dans son livre "Une lettre de l'Est"

Réservation recommandée auprès de la bibliothèque.

 Maylis de Kerangal

Bibliothèque Benoîte Groult : mercredi 19 mars

 jourderessac

Rencontre et échange autour de son dernier livre "Jour de ressac". Nous parlerons d'écriture, de villes et de l'écriture des lieux.

Réservation recommandée auprès de la bibliothèque.

 

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