« Les super-intelligents devraient être nos serviteurs, pas nos maîtres. »
Le coronavirus a cruellement mis à nu l’aberrante hiérarchie des métiers : au sommet, les superdiplômés qui occupent des postes prestigieux et bien rémunérés ; à la base, les métiers vitaux mais en réalité méprisés et mal payés. Alors même que ce sont ceux-là, les infirmiers, les livreurs, les manutentionnaires… qui, pendant le confinement, ont fait tourner la société, quand les cadres sont restés chez eux, en télétravail. L’intelligence cognitive est devenue l’unique critère de sélection méritocratique – la Tête a pris le pouvoir, au détriment de la Main et du Coeur, et façonné la société en fonction de ses intérêts. Dans les années 1970, la plupart des élèves quittaient l’école sans qualification ; aujourd’hui 40 % des postes sont réservés aux diplômés du supérieur. L’inflation artificielle d’une « classe cognitive » sélectionnée sur ses diplômes universitaires a suscité une désillusion massive parmi la jeunesse diplômée et une frustration chez celle qui ne l’est pas. Pourtant, une société démocratique doit pouvoir reconnaître et rétribuer justement tous ses membres, y compris ceux qui ne veulent pas, ou ne peuvent pas, passer par de grandes études et des postes de cadre pour réussir dans la vie. David Goodhart prône un rééquilibrage en faveur des métiers qui privilégient des qualités humaines sous-estimées et par conséquent sous-payées, comme la sensibilité, l’empathie, la générosité, l’habileté manuelle. La Tête, la Main et le Coeur est l’histoire de cette nouvelle lutte sociale du XXIe siècle. Ancien journaliste au Financial Times et fondateur du magazine d’idées Prospect, David Goodhart est aujourd’hui un essayiste très écouté outre-Manche, notamment pour avoir prévu le Brexit dans Les Deux Clans.
Dans la lignée de "Les Vertus de l'échec" et "La Confiance en soi", un nouvel essai de philosophie pratique, où Charles Pépin montre que toute vraie rencontre est en même temps une découverte de soi et une redécouverte du monde. Une philosophie salutaire en ces temps de repli sur soi. Pourquoi certaines rencontres nous donnent-elles l'impression de renaître ? Comment se rendre disponibles à celles qui vont intensifier nos vies, nous révéler à nous-mêmes ? La rencontre – amoureuse, amicale, professionnelle – n'est pas un " plus " dans nos vies. Au cœur de notre existence, dont l'étymologie latine ex-sistere signifie " sortir de soi ", il y a ce mouvement vers l'extérieur, ce besoin d'aller vers les autres. Cette aventure de la rencontre n'est pas sans risque, mais elle a le goût de la " vraie vie ". De Platon à Christian Bobin en passant par Belle du Seigneur d'Albert Cohen ou Sur la route de Madison de Clint Eastwood, Charles Pépin convoque philosophes, romanciers et cinéastes pour nous révéler la puissance, la grâce de la rencontre. En analysant quelques amours ou amitiés fertiles – Picasso et Éluard, David Bowie et Lou Reed, Voltaire et Émilie du Châtelet... – il montre que toute vraie rencontre est en même temps une découverte de soi et une redécouverte du monde.
Il mesurait deux mètres, mais on le surnommait Putzi, "petit bonhomme". Marchand d'art dans le New York bohème des années 1910, musicien à ses heures, Ernst Hanfstaengl devint dix ans plus tard le confident et le pianiste d'Hitler. Cet excentrique, jalousé par les nazis, était fasciné par leur chef, à qui il offrit de l'argent, une famille, et des airs de Wagner à toute heure du jour et de la nuit. Il rêvait d'honneurs et d'une alliance entre l'Allemagne et les Etats-Unis, ses deux patries. Nommé responsable de la presse étrangère du Reich en 1933, il crut en son destin. Il n'obtint que la disgrâce. Son incroyable exil le conduisit jusqu'à Roosevelt, qui pendant la Seconde Guerre mondiale fit de lui son principal informateur sur le Führer. Pour les uns il fut un traître ou un bouffon sans conséquence, pour les autres, l'un des artisans du mal. Son histoire tragique, burlesque, nimbée de mystère, est celle d'un héros de roman. Le roman d'un siècle de splendeur et de désastre, où l'on croise Goebbels, Göring et les soeurs Mitford, mais aussi Thomas Mann, Carl Jung ou encore Romy Schneider.
Un jour de 1927, Simone de Beauvoir eut avec son père une vive discussion sur ce qu'"aimer" voulait dire. A une époque où les femmes étaient censées n'avoir d'autre aspiration que le mariage et la maternité, la jeune Simone, à 19 ans, s'abreuvait de philosophie. Par "aimer", son père entendait "services rendus, affection, reconnaissance". Simone soutenait de son côté que l'amour ne saurait se réduire à de la gratitude, à quelque chose que l'on doit à quelqu'un en échange de ce qu'il a fait pour nous. "Que de gens, nota-telle le lendemain dans son journal, n'ont jamais connu l'amour." De fait, Simone de Beauvoir allait incarner, pour elle et pour les générations futures, une nouvelle conception de l'amour et une nouvelle approche de l'existence des femmes. Le couple mythique qu'elle forma avec Jean-Paul Sartre, "l'ami incomparable de sa pensée", devait pourtant éclipser sa propre carrière de philosophe. Considérée comme sa disciple, on ignora longtemps le travail à quatre mains qu'elle mena avec lui, le caractère original de sa pensée et de ses positions. Or, il est difficile de comprendre la révolution du Deuxième Sexe en ne leur rendant pas justice. Certes, Beauvoir eut une vie épique : elle croisa la route de Picasso et Giacometti, Joséphine Baker, Louis Armstrong et Miles Davis, ainsi que d'un nombre exceptionnel de personnalités littéraires, philosophiques et féministes du XXe siècle. Mais sans la philosophie, Simone de Beauvoir ne serait pas devenue "Simone de Beauvoir", ce qui est notable pour deux raisons très importantes : parce qu'il est temps d'en finir avec le mythe de Beauvoir disciple de Sartre ; et parce que leurs désaccords et leurs discussions constituent l'un des vecteurs essentiels qui lui permirent de devenir elle-même. D'après Virginia Woolf, "il y a certaines histoires que chaque génération doit raconter à nouveau". Ce que révèlent les journaux et la correspondance de Beauvoir redessine les contours de sa biographie.
Objets connectés, cookies, publicités ciblées... Nos données personnelles, initialement collectées pour fluidifier la navigation sur Internet, améliorer ou simplifier les services sont désormais revendues – notamment par Google et Facebook, qui en ont fait leur fonds de commerce. La « data « est devenue « l’or noir « de l’économie numérique. Tous tracés, et alors ? Dans cet ouvrage retentissant, immense succès critique et commercial aux Etats-Unis, Shoshana Zuboff ne se contente pas de dénoncer un système. Elle nomme, comme Weber ou Arendt avant elle, le « sans précédent « de notre époque : car nous n’avons ni outils, ni concepts, ni expérience pour nous protéger. Et le capitalisme de surveillance menace autant notre libre arbitre que la démocratie.
Depuis les analyses célèbres de Karl Marx, l'histoire de la Commune de Paris a été placée au centre de notre compréhension de l'événement révolutionnaire. Et l'espérance de "faire commune" fait aujourd'hui retour dans notre imaginaire politique. Cet ouvrage se propose de mener l'archéologie de cette puissance d'actualisation, mais en revenant d'abord sur la force de l'événement lui-même. Le récit prend appui sur une enquête archivistique minutieuse qui permet de reconstituer, par le bas, les stratégies des acteurs, leurs luttes comme l'ouverture des possibles qui marque ces journées. L'événement dépasse dès ses débuts le cadre parisien. De la rue Julien-Lacroix aux concessions de Shanghai en passant par l'insurrection kabyle, la Croix-Rousse à Lyon ou la république des cultivateurs aux Caraïbes, le livre propose une histoire à différentes échelles, du local au global, en décrivant des interconnections multiples. De là un essai vif et original sur l'histoire transnationale des échos entre l'espérance révolutionnaire française et les trajectoires insurrectionnelles mondiales, doublé d'une réflexion renouvelée sur les rapports entre ordre social et révolution.
Membre convaincu du parti nazi dès 1923, aveuglément soutenu par son épouse Charlotte, nazie tout aussi fervente, Otto von Wächter a rapidement intégré l'élite hitlérienne, devenant notamment, après l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale, gouverneur de Cracovie en Pologne, puis gouverneur du district de Galicie, dans l'ouest de l'Ukraine actuelle - deux territoires qui furent le théâtre de l'extermination des Juifs. En 1945, après la défaite du Reich, il parvient à fuir, se cache dans les Alpes autrichiennes avant de rejoindre Rome et le Vatican, qui abrite l'une des principales filières d'exfiltration des nazis vers l'Amérique du Sud. C'est là qu'il trouve la mort, en 1949, dans des circonstances pour le moins suspectes. Comment a-t-il pu se soustraire à la justice, de quelles complicités a-t-il bénéficié ? A-t-il été réduit au silence ? Intrigues politico-religieuses, espionnage, traque et vie cachée d'un criminel, décès énigmatique, dévotion filiale et passion amoureuse, secrets d'alcôve et trahisons : faisant la lumière sur le parcours incroyable d'un haut dignitaire nazi en fuite, l'enquête méticuleuse de Philippe Sands dresse un tableau saisissant de l'échiquier politique à la fin de la Seconde Guerre mondiale et à l'aube de la guerre froide.
Au passage du col du Süsten, un soir d'août 1960, Jean-Noël Jeanneney, jeune étudiant, échappa de peu à la mort : la voiture qui les précédait, lui et ses camarades de voyage, fut écrasée par un rocher détaché de la paroi. Telle est la scène inaugurale de ces Mémoires, qui a contribué à faire s'interroger l'auteur, depuis toujours, sur la part du hasard dans le destin des sociétés et des hommes. Né dans une famille de serviteurs de l'État – son grand-père fut le dernier président du Sénat de la IIIe République et son père ministre de De Gaulle et premier ambassadeur de France en Algérie –, Jean-Noël Jeanneney a éprouvé précocement le goût de l'histoire et la passion de la politique, " la politique comme curiosité, comme atout, comme séduction, comme leçon ". Ces Mémoires, nourris de notes prises au quotidien, retracent avec vivacité et humour les quarante premières années d'une existence qui s'est déroulée au plus près de la vie civique et intellectuelle de la France. Depuis le retour de De Gaulle au pouvoir en 1958 jusqu'à la victoire de la gauche en 1981 et l'accession de François Mitterrand à la présidence de la République, en passant par l'indépendance de l'Algérie en 1962, le concile de Vatican II, Mai-68, une visite mémorable à Colombey en décembre 1969 et les années Giscard, ce livre, parsemé de scènes rares et de portraits savoureux, mêle avec une élégance singulière histoire publique et histoire privée.
Des accumulations des tombeaux égyptiens ou chinois et des trésors royaux jusqu'à notre Louvre aujourd'hui, entre autres lieux, il faudra du temps pour que le musée trouve sa forme et sa fonction de conservation, d'étude et d'exposition des objets. Or, une histoire mondiale des musées, à la fois politique, sociale et culturelle, n'a encore jamais été écrite. La voici : Le Musée, une histoire mondiale, en trois volumes qui paraîtront sur deux ans. Le premier volume de cette monumentale entreprise, Du trésor au musée, part d'un passé lointain pour arriver à la création de l'institution appelée "musée" inventée en Italie à la fin du XVe siècle, gagnant toute l'Europe au XVIIIe siècle. Une histoire faite de dons et de marchandises, de vols et de pillages, de guerres et de diplomatie. Et aussi d'architecture, de manières de contempler et de manier les objets, de problèmes juridiques et d'organisation. Une histoire d'art, et aussi de commerce, de savoirs et de techniques. Le second volume traitera de L'ancrage européen des musées, de la Révolution française aux années 1850, et le troisième, du musée A ha conquête du monde, de la Révolution industrielle à nos jours.
De nos jours, le couple serait en crise, et le mariage en déclin. Cette crise serait due au capitalisme, à l’hypersexualisation de la société, à Internet ou à l’on ne sait quelle incapacité de la jeunesse à s’engager. Pour comprendre ce que sont devenus l’amour, le couple et le désir, Belinda Cannone retrace les métamorphoses du sentiment amoureux. L’histoire du mariage nous apprend ainsi que l’union « pour toujours » est une invention chrétienne, que le mariage d’amour émerge à la fin du XVIIIe siècle, et que ce sont les révolutions du XXe siècle qui ont érigé le désir en ingrédient indispensable de la réussite du couple. Cette révolution ne va pas sans problème : l’amour, en se transformant, peut durer une vie, alors que le désir est plus fugace. Dès lors, pourquoi continuer à vivre dans un couple où le désir s’est dissipé ? En effet, nous tendons à présent à former au cours de nos vies des couples successifs, non pérennes. Mais si ce problème n’en était pas un ? S’il s’agissait simplement d’une profonde mutation du couple, qui n’est pas pire – voire qui est meilleure, plus riche – que les versions antérieures du couple ? Bien sûr, cette renonciation au « pour toujours » n’est possible que si l’on reconnaît la noblesse du désir. Trop longtemps regardé comme un péché, il est aujourd’hui valorisé, mais pas toujours pour ce qu’il est. Suspendant les rapports de domination, le désir est profondément féministe. Il n’est pas un simple besoin du corps, ou de la reproduction, mais une expérience capitale qui engage la totalité du corps-esprit. Intimement mêlé à l’amour, il en est le nouveau nom.
Dans le premier volume de ses mémoires présidentiels, Barack Obama raconte l'histoire passionnante de son improbable odyssée, celle d'un jeune homme en quête d'identité devenu dirigeant du monde libre, retraçant de manière personnelle son éducation politique et les moments emblématiques du premier mandat de sa présidence - une période de transformations et de bouleversements profonds.
Barack Obama nous invite à le suivre dans un incroyable voyage, de ses premiers pas sur la scène politique à sa victoire décisive aux primaires de l'Iowa, et jusqu'à la soirée historique du 4 novembre 2008, lorsqu'il fut élu 44e président des États-Unis, devenant ainsi le premier Afro-Américain à accéder à la fonction suprême.
En revenant sur les grandes heures de sa présidence, il nous offre un point de vue unique sur l'exercice du pouvoir présidentiel, ainsi qu'un témoignage singulier sur les ressorts de la politique intérieure et de la diplomatie internationale. Il nous entraîne dans les coulisses de la Maison-Blanche, du Bureau ovale à la salle de crise, et aux quatre coins du monde, de Moscou à Pékin en passant par Le Caire. Il nous confie les réflexions qui l'ont occupé à certains moments cruciaux - la constitution de son gouvernement, la crise financière mondiale, le bras de fer avec Vladimir Poutine, la réforme du système de santé, les différends sur la stratégie militaire des États-Unis en Afghanistan, la réforme de Wall Street, le désastre provoqué par l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, et enfin l'opération commando qui a conduit à la mort d'Oussama Ben Laden.
Une terre promise est aussi un récit introspectif - l'histoire du pari qu'un homme a lancé à l'Histoire, d'un militant associatif dont la foi a été mise à l'épreuve sur la scène internationale. Barack Obama parle sans détour du défi colossal qu'il lui a fallu relever : être le premier candidat afro-américain à la présidence, incarner "l'espoir et le changement" aux yeux de toute une génération galvanisée par la promesse du renouveau, et devoir à chaque instant prendre des décisions d'une gravité exceptionnelle. Il évoque la façon dont sa vie à la Maison-Blanche a pu affecter sa femme et ses filles, et parle sans fard des moments où il s'est retrouvé en proie au doute et à la déception - sans pour autant renoncer à croire qu'en Amérique le progrès est toujours possible.
Ce livre puissant et magnifiquement écrit est l'expression de la conviction profonde de Barack Obama : la démocratie n'est pas un don du ciel, mais un édifice fondé sur l'empathie et la compréhension mutuelle que nous bâtissons ensemble, jour après jour.