Fille de paysans du Massif Central, Claire sait depuis toujours qu'elle ne reproduira pas la vie de ses parents. Jeune fille studieuse, appliquée et opiniâtre, elle rentre à la Sorbonne en lettres classiques et s'engage à suivre un parcours difficile, et un peu hors du temps, en étudiant le latin et le grec, et ce dans l'espoir d'enseigner.
Ce magnifique récit, écrit dans une langue que l'on ne lit plus, retrace la vie d'une jeune femme pour qui, dans la capitale, tout est découverte, dans les manières de voir, de penser, de se comporter. Ses origines se rappelleront parfois à elle, un parfum au détour d'un square par exemple... elle n'éprouvera pourtant ni nostalgie, ni embarras, ce « pays » lointain, cet autre monde, étant sa force et sa liberté.
On emploie peu ou pas cette expression « les pays » ou « le pays » à Paris. Cette façon de « dire » un peu surannée est un signe de reconnaissance entre citoyens d'une même contrée. Il dit l'origine et évoque sans beaucoup de mots un patrimoine et une culture communs. Il suppose aussi la force de l'ancrage et la distance avec ceux qui ne connaissent pas ce « pays », telle une terre étrangère hors des frontières hexagonales. Marie-Hélène Lafon raconte, dans une langue magnifique, comment se portent et s'assument, avec plus ou moins de bonheur selon les individus, les origines. Pour Claire, le choix du départ s'est fait très tôt, ses goûts littéraires l'ont porté loin du « pays », qu'elle sert divinement en le racontant.