"Oh" Philppe Djian - éd Gallimard

Ce récit est le monologue intérieur d'une femme : elle s'appelle Michèle, a cinquante ans, est productrice, et vit dans une maison d'une banlieue résidentielle. Elle est séparée de son mari, et son fils unique âgé de 25 ans a des projets matrimoniaux un peu « préoccupants ». Bref la vie ! Malgré une assurance incontestable, elle ne peut s'empêcher de chercher, de manière assez irrationnelle, à déchiffrer des signes qui la guideraient, car la vie lui a appris que le danger n'est jamais bien loin...

Et effectivement le danger s'insinue un soir, dans son jardin de banlieue, sous la forme d'un agresseur sexuel. Ce n'est cependant pas le sujet du roman. C'est un accident qu'elle compte bien maîtriser, comme le fait d'assumer sa filiation avec un père criminel. Elle semble revenue de loin avec cette histoire, et cette agression ne sera pourtant ni racontée ni partagée avec ses proches, car Michèle n'est pas une personne lisse, elle qui manifeste un intérêt morbide pour son agresseur, un mélange de répulsion et d'attraction.
Nous avons là affaire à une intrigue difficile à raconter, qui s'apparente à une histoire extravagante, à contre-courant des clichés et de la bienséance, où l'irrationnel a sa place. « Scénario » extravagant, personnages démesurés, opacité de l'être humain : ce mélange d'instincts, de pulsions, de désarroi, de culpabilité et d'innocence, mâtiné de rebondissements, nous fait penser aux intrigues d'Almodovar.

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