Tout commence par une nausée envahissante ... Elle submerge François Novel lors d'une soirée parisienne, dans laquelle il lui est difficile d'échapper à la banalité des propos tenus par un cercle d'amis et connaissances. Plus que le contenu des phrases échangées, ce sont les fautes de syntaxes, d'accords, ou le timbre des voix - "trop d'aigus" - qui plongent le narrateur dans un accablement profond et incommensurable. Il éructe sa colère dans des phrases lapidaires et irréductibles qui donnent le ton particulièrement bien trempé de l'ouverture de ce roman.
C'est le portrait d'un homme complexe, à la fois violent et intransigeant. Cet homme, l'auteur sans doute, n'hésite pas à en découdre avec les milieux littéraires parisiens ou assimilés, qu'il égratigne sans retenue.
Il s'interroge sur la persistance des sentiments, les amitiés qui se défont et la nécessité d'écrire contre une époque trop lisse.
Tout est dit donc dès les premières pages sur l'état qui anime le narrateur : les nerfs sont à vif, il n'est plus question de jouer ni de tricher, car l'air est devenu irrespirable. Le dernier bastion qui échappe encore à cet effondrement est le couple qu'il forme avec Marianne. Mais ce serait trop simple ou trop beau, là aussi. Tout n'est plus comme avant: le temps du désir semble révolu, même si l'amour demeure. Alors que faire ?
Un roman revigorant malgré sa noirceur, car totalement sincère et libéré des contingences.