"Journal d"un corps" Daniel Pennac - éd Gallimard

« Journal d 'un corps » Daniel Pennac – Gallimard

À l'origine, c'est une grosse frayeur qui conduit ce gamin-narrateur à écrire son journal, enfant chétif et malingre qu'il est, et dont le corps n'existe pas dans le regard de sa mère. Il décide alors d'établir une liste de ses sensations : « la peur des coups me paralyse, la peur d'avoir peur m'angoisse toute la journée, l'émotion (même délicieuse) me flanque la chair de poule, la nostalgie (penser à papa par exemple) mouille mes yeux, la surprise peut me faire sursauter […], la panique peut me faire pisser, le plus petit chagrin me fait pleurer, la fureur me suffoque, la honte me rétrécit. Mon corps réagit à tout. Mais je ne sais pas toujours comment il va réagir. » Et de poursuivre, le lendemain, « si je décris exactement tout ce que je ressens, mon journal sera un ambassadeur entre mon esprit et mon corps. Il sera le traducteur de mes sensations ».

Le lecteur est le témoin de 74 ans de la vie du narrateur, au gré des manifestations et évolutions de son organisme. Aucunement un inventaire, au contraire, nous sommes au théâtre, où le corps est un acteur doué de raison et de pensées, plus certaines que le cerveau lui même. Terrain de découverte, sujet d'extase ou objet d'interrogations, parfois de déception, il accompagne l'individu-narrateur comme son alter-ego. Il devient un interlocuteur, parfois moqueur, qui peut le trahir, mais avec lequel il lui faut composer, en parfaite intelligence. Cet enfant, que le lecteur apprend à découvrir intimement, connaîtra les différents âges d'homme – adolescent, jeune adulte, adulte, vieillard, nous faisant partager ainsi toutes ses découvertes, pour lui inédites.

Malgré les années qui passent, on voit à peine vieillir, ce corps, tant l'on s'habitue à son l'histoire et à son évolution, ce que l'écrivain parvient à rendre par petites touches, et par d'infinitésimales évolutions. C'est la quintessence de la vie qui est ainsi transcrite sur papier, avec conscience et subtilité.

Pour Daniel Pennac, le corps est une aventure, digne d'un roman, nécessitant chaque jour que l'on se penche sur lui, manière de l'honorer et de le célébrer. Il fait de ce journal une entreprise littéraire inédite, ambitieuse et passionnante.

Prochainement

Mercredi 28 février 

manouchian

Missak et Mélinée Manouchian, deux étrangers, arméniens et communistes, entrent au Panthéon le 21 février 2024. La valeur symbolique de cet événement est majeure. Deux orphelins du génocide des Arméniens devenus héros de la Résistance française. Denis Peschanski, historien et co-auteur du livre retracera avec vous ce parcours documentaire nourri d’archives dont de nombreux inédits.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

Mardi 12 mars 

Droits des femmes. Où en sommes-nous ?

tortureblanche

Une table ronde pour débattre et échanger avec Sophia Aram, Laure Daussy et Iris Farkhondeh. "Femmes, Vie, Liberté" sera l’étendard de cette soirée consacrée aux femmes et à leurs droits dans le monde. "Torture blanche" de Narges Mohammadi, prix nobel de la paix 2023, parait le 6 mars.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

Jeudi 25 avril 

 leconvoi

Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

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