La première biographie illustrée de Paul-Émile Victor, un nom évocateur d'aventures polaires pionnières et engagées. Depuis le grenier où il collectionne livres et revues d'exploration et d'ethnologie, le jeune Paul-Émile Victor, membre des Éclaireurs de France, cultive deux rêves ambitieux et d'apparence antagonistes : se rendre un jour aux pôles et en Polynésie. Après avoir été élève officier sur un cuirassé, aspirant sur un porte-avion puis pilote d'avion, il met de côté les promesses d'aventure en reprenant les affaires familiales de fabrication de pipes de bruyère. Cet écart ne dure pas. Bientôt, il fait la connaissance de l'explorateur Jean-Baptiste Charcot et embarque avec lui sur le Pourquoi-pas ? en 1934. Sa découverte du Groenland le marque à jamais. Fasciné, il n'aura de cesse d'y retourner, traversant l'île en traîneaux à chiens, vivant parmi les Inuits en ami et en ethnologue, apprenant leur langue, esquissant ses premiers dessins de masques. À son retour, il se fait connaître en multipliant les conférences et les publications, notamment pour le musée de l'Homme. En 1947, juste après la guerre et en grande partie à l'aide d'anciens résistants, il fonde les Expéditions Polaires Françaises (EPF), qui inaugurent des missions scientifiques de grande envergure tant en Arctique qu'en Antarctique, où il installe les bases Dumont d'Urville et Charcot. Grand défenseur de l'environnement à la fin de sa vie, il termine ses jours, selon son rêve, en Polynésie.
Nous devrions apprendre par coeur l'Iliade et l'Odyssée, comme des tubes de l'été, car les deux récits d'Homère constituent non seulement la musique de notre humanité mais recèlent aussi tout notre avenir. Après le succès d'Un été avec Homère, Sylvain Tesson est parti à bord d'un voilier sur les traces d'Ulysse. Pendant plusieurs semaines, il a sillonné la Méditerranée, plongé dans la mare nostrum, escaladé des volcans, rencontré des savants et des déesses de la culture, comme Andrea Marcolongo, l'auteure de La langue géniale : 9 bonnes raisons d'aimer le grec, qui ont éclairé son odyssée. Ce livre est donc à la fois la version illustrée d'Un été avec Homère, mais aussi le supplément à ce voyage homérique. Il contient des légendes inédites de Sylvain Tesson, véritables poèmes en prose et des tableaux de la peintre voyageuse, Laurence Bost. À cela s'ajoutent des photos en noir et blanc de Frédéric Boissonnas qui dans les années 1920 accompagna Victor Bérard, le traducteur d'Homère, pour identifier les lieux de la géographie ullyssienne. Un livre fabuleux de voyage, de culture et d'embruns.
Née en 1924, Sabine Weiss est la dernière représentante de l'école humaniste française d'après-guerre, qui rassemble des photographes comme Robert Doisneau, Willy Ronis, Édouard Boubat ou Izis. Œil-témoin de son époque, Sabine Weiss photographie les gens pris dans leur quotidien, capte une attitude, fixe le hasard d'un mouvement, d'une expression. Au gré des rues arpentées et des rencontres, son objectif s'est attaché à celles et ceux que l'on ne regarde plus : mendiants, vieillards, enfants, gitans... Réalisées à ses heures perdues, ces photographies, qui oscillent entre réalisme et poésie, s'inscrivent en marge de son travail de commande officiel pour la mode, la publicité ou le reportage. Leur apparente sobriété cache un sens assumé du cadrage et de la lumière. À 96 ans, Sabine Weiss revient aujourd'hui sur ce parcours prolifique à travers une sélection de 200 photographies noir et blanc, iconiques ou plus rares, mais où toujours l'émotion affleure. L'émotion capturée par l'objectif. L'émotion ressentie devant ces instantanés saisis au vol. Un travail tout entier au service de l'autre, qui traduit un profond amour de la vie et témoigne à livre ouvert de la condition humaine. Avec un texte introductif signé de Marie Desplechin.
L'effacement du monde ouvrier ne signifie pas sa disparition, plutôt un glissement vers de nouvelles formes de travail, de culture et de manifestation. Même dans le lexique, les ouvriers tendent à devenir des salariés. Ce livre n'a rien de nostalgique, au contraire. Il s'agit de redonner un visage sinon la parole aux ouvriers et aux ouvrières, valoriser les usines, les ateliers, les gestes, les outils, les machines, les lumières, les luttes, la main-d'œuvre immigrée, les à-côtés, aux temps forts comme le Front Populaire et aux temps faibles comme le déclin de la sidérurgie lorraine. Il a l'ambition d'activer nos souvenirs, qu'ils résident dans des noms comme Billancourt ou Lip, dans des films comme Le jour se lève, ou encore dans des livres comme L'établi s'inscrit aussi fortement dans l'actualité. Les photographies que commente Bernard Chambaz une à une proviennent du fonds Gamma/Rapho qui conserve les images d'Edouard Boubat, Jean-Philippe Charbonnier... Toutes retracent les événements, les gestes, le savoir faire et les passions qui animent l'Histoire des ouvriers depuis un siècle.
Au cours des années 1990 et 2000, Raymond Depardon sillonne la France paysanne avec sa chambre photographique 6 x 9.
De cette exploration du monde rural, il réalise des photographies en noir et blanc qui racontent la terre, les hommes, le travail manuel, l’isolement et la fragilité des petites exploitations agricoles mais aussi la beauté des paysages français.
Une fabuleuse somme collective, un livre manifeste, un ouvrage de référence : telle est l'ambition de cet ouvrage co-construit par 160 autrices du monde entier qui présentent 300 femmes photographes, de l'invention du médium aux années 2000.
Ainsi les portraits de chaque photographe ont été rédigés par des femmes de toute nationalité pour se prémunir de l'écueil d'un regard "occidentalo-centré". Les séquences de portraits alternent avec des portfolios qui font dialoguer les oeuvres entre elles.
Contempler, errer, tracer, apparaître, hanter... En cinq chapitres et plus de 180 images, ce livre dessine une géographie sensible du Japon : on y parle de l'impermanence des choses (wabi sabi), de la beauté cachée du monde (yûgen), de la pénombre qui dissimule tout autant qu'elle dévoile ou encore du souvenir de contes anciens. Autant de thèmes chers à l'esthétique japonaise, ici révélés par les œuvres des maîtres ou encore celles d'artistes contemporains comme Takesada Matsutani ou Tōkō Shinoda. Dessins à l'encre de Chine, peintures sur rouleaux, estampes, lithographies, photographies se succèdent en une promenade visuelle propice à la rêverie. De courts textes explicatifs, des haïku, des extraits littéraires soigneusement choisis les accompagnent et éclairent les notions esthétiques, concepts philosophiques et œuvres emblématiques. Un livre pensé comme un dictionnaire amoureux où chaque image, chaque texte est une rencontre au cœur de l'âme japonaise.
Romy, Michel, Yves et les autres... Né à Montrouge, Claude Sautet se décrivait en " pur Parisien ". Il s'établit d'ailleurs à la fin des années 1950 dans un vaste appartement de l'avenue des Gobelins et n'en bougea plus. Ce sédentaire n'a cependant cessé de cultiver les élans des êtres déracinés. Dans ses films comme dans sa vie, des grappes d'amis vont et viennent, s'écharpent ou se réconcilient dans l'habitacle d'une voiture, à la table d'un bistrot ou sous les frondaisons d'une maison de campagne francilienne. Des Choses de la vie à Nelly et M. Arnaud, en passant par Max et les Ferrailleurs, César et Rosalie ou Mado, c'est en portraitiste sensible que Claude Sautet filme les hommes blessés et les femmes libres, qui maquillent leurs désillusions sous la jovialité des grandes réunions de copains et des discussions de comptoir. Cet ouvrage rassemble des documents d'archives inédits et des entretiens avec Sandrine Bonnaire, Jean-Claude Carrière, Brigitte Fossey, Bernard Le Coq, Myriam Boyer...
Cette monographie est un concentré de l'esprit unique de Paul Smith, l'icône de la mode et du design britannique. Il y présente 50 objets choisis par ses soins pour avoir été des sources d'inspiration inépuisable pour lui au fil des ans : une assiette de spaghettis factice, une radio et un tourne-disque Braun créés par Dieter Rams ou encore une chaise cab de Mario Bellini. Chaque objet a eu un impact sur sa vision du monde, sur son processus créatif et sur son approche du design marquée par un esprit insolite et une excentricité typiquement britanniques. L'ouvrage s'ouvre avec un avant-propos de Jonathan Ive, ancien designer en chef chez Apple, il permet au lecteur de découvrir de manière inédite l'un des esprits les plus créatifs du design international. Il aborde des sujets aussi variés que la manière de casser la formalité du port d'un costume, l'importance du travail d'équipe, et les défis à relever pour qu'une marque parvienne à maintenir son indépendance. Avec des contributions personnelles notes manuscrites, croquis ou photographies de grands noms de la mode et du design tels que Manolo Blahnik, Inès de la Fressange, Martin Parr ou encore John Pawson. Publié à l'occasion du 50e anniversaire de la marque.
Depuis la préhistoire, avec l'apparition des venus hottentotes, la femme a été le centre et le support de tous les fantasmes. Déesse ou putain, vierge ou sorcière, virago ou odalisque, elle a été mise en scène, allumée, surexposée : son corps, toutes les parties de son corps, et son visage, à travers un regard essentiellement masculin.
La première partie de cet ouvrage, "La femme regardée" va jusqu'au moment où Courbet et Manet vont révolutionner le regard, la seconde "Les femmes qui nous regardent" jusqu'aux années 60 et la troisième "Ces femmes qui se regardent" débute avec les années 1970, quand s'est opérée une révolution majeure pour les femmes artistes qui désormais se représentent elles-mêmes. C'est donc aussi à une histoire de l'évolution du statut de la femme que ce livre convie, comme un voyage au Pays de l'émancipation sexuelle et politique, de Camille Claudel à Louise Bourgeois, et de Frida Kahlo à Cindy Sherman.
Cassavetes par Cassavetes est la somme indispensable sur le réalisateur de Faces et Une femme sous influence. Suivant un fil chronologique, John Cassavetes y raconte son enfance et sa jeunesse, ses études d'art dramatique, ses débuts d'acteur fauché à New York, ses combats permanents contre les studios d'Hollywood et les automatismes du cinéma commercial. Il expose en détail les étapes de réalisation de chacun de ses films, de Shadows (1959) à Love Streams (1984). Tournages épiques, souvent interrompus faute d'argent, montages sans cesse repris, communication et plans de sortie menés par le cinéaste lui-même... Toute sa vie, Cassavetes restera fidèle à sa vision radicale de l'art et du cinéma, parfois même contre l'avis de ses collaborateurs les plus fidèles, tels que les acteurs Peter Falk et Ben Gazzara, ou sa femme et actrice Gena Rowlands.
Abondamment illustré, ce livre alterne les propos de Cassavetes avec des commentaires de son biographe Ray Carney, qui viennent à la fois les resituer, les compléter et parfois les discuter. Salué à sa sortie aux États-Unis en 2001, Cassavetes par Cassavetes est, selon le cinéaste Harmony Korine, le « meilleur livre jamais écrit sur le cinéma ».