C'est un recueil de huit nouvelles dans lesquelles on retrouve les mêmes lieux et les mêmes personnages. Elles illustrent la vie au kibboutz, Yikhat, dans les années 50. Ce village construit par les colons et édifié dans un idéal de partage souffre des maux de toutes les congrégations humaines repliées sur elles-mêmes : trahisons, jalousies, mesquineries, adultères et scandales. Ces histoires légères, de prime abord, sont inoubliables car elles disent le poids de la vie que n'allège aucunement la proximité d'autres vivants car l'individu demeure dans « une solitude incurable ». Au delà d'un constat passablement amer, ces récits renseignent sur la vie quotidienne au kibboutz et révèlent aussi la suprématie des aspirations individuelles contre la communauté et ses normes.
Amos Oz a travaillé à la fin de son adolescence dans un kibboutz. Observateur critique, il raconte avec humour et intransigeance les contradictions d'un modèle de communauté qui ne déroge pas aux lois du genre et où il est souvent question d'embrigadement, de discipline, de surveillance des uns par les autres
et parfois de délation. Ce livre questionne sur ce modèle de communauté qui ne laisse aucun choix à ses membres, y compris dans l'éducation de ses enfants. C'est ainsi que l'on voit une mère conduire chaque soir son fils au dortoir des enfants, alors que le petit garçon se fait persécuter par ses copains. Une autre tente d'enfreindre le règlement pour envoyer son fils à l'université et lui assurer un avenir meilleur, quitte à le faire passer pour déserteur.