Un homme se retrouve en prison. Brutalisé dans sa mémoire et dans sa chair, il décide avant de mourir de nous livrer le récit de son destin. Écrit dans un élan vertigineux, porté par une langue aussi fulgurante, "Le Démon de la Colline aux Loups" raconte un être, son enfance perdue, sa vie emplie de violence, de douleur et de rage, d'amour et de passion. Pourtant, de cette vie dévastée, la lumière surgit. Non pas celle d’une rédemption ou d’une résilience convenue, mais tout simplement la lumière d’une voix. On assiste à la naissance d’une conscience, par l’écriture. Le roman, repose entièrement sur la voix du narrateur, Duke, il emporte tout sur son passage. Dimitri Rouchon-Borie parvient à rendre avec une très grande justesse son « parlement », et, quand on sait combien l’exercice peut mener aux pires ratages, comment la moindre fausse note, le moindre mot en trop ou en moins peut détruire l’harmonie de l’ensemble, on ne peut que louer cette prouesse. La langue de Duke est extraordinaire dans sa capacité à saisir le réel, les émotions qui lui sont corrélées, mais qui sont à peine effleurées, suggérées au lecteur et pourtant complètement dominantes. Le rythme de la phrase, le décalage entre ce qui se passe et la manière dont Duke l’exprime, parce qu’il prend la langue un peu en biais, nous amènent à faire de son regard entièrement le nôtre. "Le Démon de la Colline aux Loups" est un premier roman. C'est un flot ininterrompu d'images et de sensations, un texte étourdissant, une révélation littéraire.