
En 2012, Thésée quitte "la ville de l'Ouest" et part vers une vie nouvelle pour fuir le souvenir des siens. Il emporte trois cartons d'archives, laisse tout en vrac et s'embarque dans le dernier train de nuit vers l'Est avec ses enfants. Il va, croit-il, vers la lumière, vers une réinvention. Mais très vite, le passé le rattrape. Thésée s'effondre psychiquement et physiquement dès son arrivée à Berlin. Il n'arrive plus à contraindre son corps à le porter, et c'est son corps qui le contraint à l'immobilisme. Thésée s'obstine. Il refuse, en moderne (celui qui maîtrise sa vie et ses émotions), l'enquête à laquelle son corps le confronte. Il s'invective, se reproche de se laisser aller à des solutions faciles ou à des idées préconçues. Il répète qu'il est issu d'une famille où les hommes meurent, plus précisément se donnent la mort. C'est un chant de douleur qui s'impose et revient comme le fil conducteur de cette enigme familiale qu'il lui faudra résoudre pour envisager l'avenir. Cette enquête passionnante dans l'histoire familiale est agrémentée de photos dans lesquelles le narrateur traque les mensonges ou une éventuelle révélation. Au delà des qualités littéraires de ce texte rare, la composition ciselée et exigeante de cette recherche, met en lumière les mécanismes psychiques qui président au pouvoir occultant de ce que l'on appel le déni mais aussi et surtout, il explique toute la difficulté à voir clair dans les histoires qui nous ont précédés et qui entravent parfois encore le présent.