"Pourquoi être heureux quand on peut être normal" Jeanette Winterson - éd de l'Olivier

Ce texte est le récit passionnant de ce que fut la quête d’identité de l'auteur, Jeanette Winterson : une existence en forme de combat. Cette autobiographie débute dans les années 60, près de Manchester. Elevée par des parents adoptifs, pentecôtistes ultra rigoureux, elle raconte sa vie parmi ces gens qui ont tourné le dos à la vie et consacrent leurs soirées à la lecture de l'Ancien Testament. Leur croyance fraye sans détour avec les superstitions, puisqu'ils voient l'incarnation du mal partout, et tentent de dresser leur fille contre toute tentation. Leur religiosité ne leur empêche pourtant pas de s'arranger quelque peu avec les textes sacrés ... En racontant son histoire, Jeanette Winterson adresse un signe fraternel à toutes celles et à tous ceux pour qui la liberté est à conquérir. On se retrouve, dès les premières pages, dans une histoire qui évoque celles de Charles Dickens. La misère, la peur, la violence et la folie des adultes menacent en permanence la jeune fille. « Les oranges ne sont pas les seuls fruits », bien que le sujet l'y permettrait, n'est pourtant pas une complainte : aucun pathos, bien au contraire - on se surprend même à rire devant les extravagances maternelles. Malgré l’adversité que la jeune fille rencontre en permanence auprès de sa mère, une femme inénarrable, cette enfant surdouée ne plie pas, trouvant une bouée de sauvetage dans la lecture : elle découvre en très jeune la poésie, lit tous les auteurs anglais, méticuleusement, de A à Z. Quelques années plus tard, elle est admise à Oxford, puis dans la « République des lettres » , avec son premier roman - publié à 25 ans, reconnu comme un événement littéraire. Rarement il nous a été donné de lire un récit d'une telle intelligence : on sent en permanence la volonté opiniâtre de faire comprendre ce qu'est la construction de soi, malgré ce que nous réserve la vie. Il s'agit là d'un texte à nul autre pareil, à la fois réécriture d'un passé difficile à digérer et récit brutal d'un être qui a su transformer ses souffrances en œuvre artistique.

Prochainement

 

Jeudi 25 avril 

 leconvoi

Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

Lire la suite...

Connexion