Elle a dit, "c'est génial finalement, considère qu'on est les deux filles d'une seule et même famille : l'une fera des maths, l'autre des lettres. Nos parents auront le sentiment d'avoir accompli une progéniture parfaite, qui couvre tout le spectre. Tu te rends compte, où qu'ils tournent la tête, nos parents, il y a toujours une de leurs deux filles pour savoir. Ce doit être extrêmement satisfaisant pour des parents, tu ne crois pas, d'atteindre ces extrémités, des confins qui se confondent ? Et puis, nous sommes des filles, ça ne s'est jamais vu. Il y a des tas de frères célèbres, avec un grand scientifique et un grand homme de lettres, les James, les Huxley, les Flaubert, les Proust, mais tu remarqueras, chaque fois, ce que retient la postérité, c'est l'écrivain. C'est injuste mais c'est comme ça, de nous deux, c'est toi qui resteras, pas moi". Ces mots, c'est Adèle qui les prononce. Ce qu' Adèle aime avant tout dans la vie c'est la pureté des chiffres, la poésie des nombres premiers, toutes les équations qu'il reste à découvrir pour mieux comprendre notre monde. Elle sera chercheuse et briguera la médaille Fields, c'est dire le niveau extrême de son placement parmi les meilleur(e)s mathématicien(nes) de sa génération, c'est aussi Adèle qui rêve de moments de fusion avec son amie Rachel, la narratrice, la littéraire. Mais voilà l'amitié résiste mal à l'esprit de compétition, de perfection, au fil des années les liens parfois se délitent, les fossés se creusent, mais demeure cependant intact cette idée que seule l'autre pourra apaiser, consoler et comprendre. Ce ne sera pas facile pour Rachel, celle qui reste, de raconter l'histoire de leur amitié.