Le blizzard fait rage dans le Grand Nord en Alaska. Au coeur de la tempête, un jeune garçon disparaît. Il n'aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main de l'enfant et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Au fil des heures passées à tâtonner dans le blizzard, dans cette course folle contre la montre pour tenter de retrouver le petit, se dévoile peu à peu la vérité de chacun des personnages. Et c'est paradoxalement dans la tempête, la neige et le brouillard, que le passé des uns et des autres refait surface. Comment Benedict s'est-il retrouvé à accueillir cet enfant de dix ans qui n'est pas le sien ? Qui est Bess, quelles souffrances cache-t-elle ? Connait-on vraiment Cole, ce vieil ami de la famille depuis deux générations, qui noie ses démons dans l'alcool ? Et le vieux Freeman, vétéran du Vietnam, qu'est-il venu chercher dans ce bout du monde battu par des vents glacés ? Rythmé comme un thriller, "Blizzard" creuse avec sensibilité l'histoire intime de ses personnages, leurs secrets, leurs douleurs. Dans une construction chorale, la romancière alterne en chapitres courts les voix intérieures des différents protagonistes, décrivant la violence des sentiments qui les traversent, à la hauteur des éléments qui se déchaînent. L'écriture, fluide, orale, "à l'américaine", colle parfaitement à l'esprit et à l'atmosphère de ces grands espaces, cette terre rude où dans des communautés humaines à l'écart de tout, se cristallisent en profondeur les drames tus du passé. Avec ce huis-clos des grands espaces, Marie Vingtras fait une première rentrée littéraire remarquée, et remarquable.