Une fois n'est pas coutume, Marie-Hélène Lafon quitte les hauts plateaux du centre de la France pour s'intéresser au théâtre du quotidien dans le super-marché que fréquente sa narratrice. La caisse 4 est occupée tous les jours de la semaine par une jeune femme prénommée Gordana, sans doute originaire des Balkans. La jeune femme travaille en silence, elle prend garde à ne pas croiser le regard des clients ou à susciter le moindre échange afin de ne pas être trahie par son accent. Tous les vendredi, la narratrice a repéré un homme brun et mutique qui passe toujours par la caisse 4. C'est le début d'une histoire à écrire, la narratrice leur invente un passé, un présent et un avenir qu'elle enrichit au fil des informations saisies : un nom, une photo d'enfant tombée du portefeuille... Sous sa plume sensible, le temps et les mots glissent avec pudeur d'une vie à l'autre en passant par celle de la narratrice, qui se raconte à travers ces deux personnages.