"Americanah" Chimamanda Ngozi Adichie - éd Gallimard

Chimamanda Ngozi Adichie examine, avec un humour caustique la question de la race et du racisme aux Etats-Unis. Sa narratrice Ifemelu, native du Nigéria, s'installe aux Etats-Unis pour poursuivre ses études. Assez rapidement elle crée un blog afin de partager ses interrogations sur les manières de vivre, de penser et de se comporter dans ce pays. Véritable centre d'observation sociologique, ce blog s'intitule « Observations diverses sur les Noirs américains par une Noire non-américaine ». Le blog devient rapidement une référence, ce qui permet à Ifemelu d'en vivre très correctement.

Cependant, au tout début du roman, Ifemelu vient de prendre la décision de rentrer au Nigéria, retrouver « son cœur, son âme, son pays » et peut-être l'homme qu'elle y a laissé 15 ans plus tôt. Quand elle prend cette décision, elle se rend dans un salon de coiffure pour retrouver son autre visage et rentrer à Lagos les cheveux tressés. Le cheveu, lissé, tressé ou défrisé est un marqueur qui en dit long sur la position de l'individu en terre d'exil. Les amies américaines d'Ifemelu ne comprendront pas qu'elle décide de laisser ses cheveux reprendre leur texture naturelle, au lieu de les porter raides. Ce salon, où elle passe un long après-midi, est le lieu où elle se rassemble avant de quitter les Etats-Unis, et où le lecteur va découvrir l'histoire de cette femme, sur ces deux continents. C'est aussi le lieu où convergent toute les cultures non-occidentales et comme le blog, il est un observatoire de la condition de l'émigré à l'étranger. Ifemelu incarne toute une génération d'étudiants nigerians qui comme elle sont allés étudier à l'étranger, et qui quand ils retournent au Nigeria avec un nouvel accent, de nouveaux modes de consommation, sont appelés avec humour les « Americanah ».

Chimamanda Ngozi Adichie interroge avec humour, distance et décomplexion, nos sociétés occidentales, les invitant à réfléchir sur la persistance de cette vision ethnocentrée qui enferme les individus en fonction de leur origine géographique. On retrouve chez C. N.  Adichie les mêmes tonalités que chez l'écrivain britannique Zadie Smith, elles apportent toutes deux un regard résolument moderne, noir et féminin, sur notre façon d'habiter le monde. « Americanah » a déjà été traduit en 25 langues. Chimamanda Ngozi Adichie est l'auteur de trois romans et d'un recueil de nouvelles.

Prochainement

 

Jeudi 25 avril 

 leconvoi

Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

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